Forces de l’ordre « barbares »: polémique entre Mélenchon et Castaner

Nouvelle polémique entre Jean-Luc Mélenchon et le gouvernement: Christophe Castaner a demandé mercredi au chef de file de LFI de s’excuser après avoir dénoncé la répression "barbare" des forces de l’ordre lors des manifestations, l’intéressé lui répondant que sa démission "serait plus utile".

Sur des vidéos tournées lors de la manifestation contre la réforme des retraites mardi à Paris, M. Mélenchon discute avec des manifestants qui disent avoir été victimes de violences policières lors de la Marche pour le climat samedi.

"Ils nous ont massacrés, samedi, à bout portant", dit l’un d’eux. "Tout le monde m’a dit ça, que vous avez même pas eu le temps de commencer ils vous ont tiré dessus", lui répond le leader de la France Insoumise (LFI).

"Il y a plein de blessés", des blessés "graves à la tête", poursuit le manifestant, que l’on ne voit pas à l’image. "C’est des barbares, soyez prudents, parce qu’ils ne s’arrêtent plus maintenant", enchaîne M. Mélenchon, avant d’appeler les manifestants à la prudence et au calme: "En rajoutez pas, c’est pas la peine de revenir avec un oeil en moins. (…) Eux, ils agressent tout le monde. Ils sont de plus en plus violents, il faut faire attention".

"Samedi, si j’y avais été, ils me tuent, ils attendent le prétexte. Et après c’est moi qui pleure de voir qu’ils vous éborgnent", ajoute M. Mélenchon.

Ces propos ont immédiatement fait réagir le ministre de l’Intérieur.

"Inacceptable insulte à nos forces de l’ordre mobilisées, chaque jour, pour protéger les Français, au péril de leur vie. @JLMelenchon leur doit le respect, et désormais des excuses", a twitté mercredi matin Christophe Castaner.

"La seule manif climat au monde réprimée. Un déchaînement de violences disproportionnées", lui a répondu M. Mélenchon, également sur Twitter.

Samedi dernier, la Marche pour le climat a été émaillée de violences et dégradations, et les forces de l’ordre ont utilisé leurs matraques, des gaz lacrymogène, et tiré au lanceur de balle de défense (LBD).

Au total 158 personnes ont été placées en garde à vue, dont une vingtaine déférées dimanche en vue d’éventuelles poursuites, selon le parquet.
"Inadmissibles"

"Après 24 éborgnés, 5 mutilés et 2 morts, @CCastaner doit des excuses aux Français. Sa démission serait plus utile (…)", a ajouté M. Mélenchon.

Cette polémique intervient quelques jours après le procès très médiatisé du chef de file de LFI à Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour les incidents ayant émaillé une perquisition au siège de son parti en octobre 2018, où il avait invectivé un magistrat et un policier. Trois mois de prison avec sursis y ont été requis contre M. Mélenchon, qui a dénoncé un "procès politique".

Mercredi, le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Laurent Nuñez a lui aussi condamné les propos "inqualifiables" de M. Mélenchon.

Les syndicats de policiers Alliance et Unsa ont dénoncé des propos "inadmissibles" et demandé à M. Castaner de porter plainte contre M. Mélenchon.

Les forces de l’ordre, régulièrement accusées de violences, ont été montrées du doigt pour leurs interventions ces derniers mois, notamment lors des manifestations de "gilets jaunes" qui ont parfois donné lieu à des scènes de violences.

Près de 2.500 manifestants "gilets jaunes" ont été blessés depuis le début de ce mouvement social inédit. Certains grièvement, dont 24 éborgnés par des tirs de LBD et cinq qui ont eu la main arrachée, selon des journalistes indépendants et des collectifs de blessés. Beauvau évoque de son côté quelque 1.800 blessés au sein des forces de l’ordre.

LFI et des "gilets jaunes" estiment par ailleurs les forces de l’ordre responsables de deux décès depuis un an.

Une octogénaire, Zineb Redouane, est morte en décembre 2018 après avoir été touchée par une grenade lacrymogène en marge de manifestations de "gilet jaunes" à Marseille. Steve Maia Caniço, 24 ans, a disparu en juin à Nantes lors d’un concert de la Fête de la musique en bord de Loire où la police est intervenue à coup de gaz lacrymogènes. Son corps a été retrouvé dans le fleuve cinq semaines plus tard.

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