Dans ce sillage, le gouvernement fédéral belge et l’opérateur énergétique français « Engie » viennent de signer un accord sur les principes qui présideront à la prolongation de dix ans, à partir de 2026, de deux réacteurs nucléaires. L’accord, qui vise, selon l’exécutif, dirigé par Alexander De Croo, à assurer la sécurité énergétique du royaume dans un contexte mondial incertain, fixe les contours de la création d’une structure juridique dédiée aux unités nucléaires Tihange 3 et Doel 4, situés respectivement à Anvers et Liège.
L’accord règle également un autre point important, à savoir un plafonnement des coûts futurs liés au traitement des déchets issus de l’activité nucléaire dont la facture se chiffre en milliards d’euros.
« Engie », à travers sa filiale belge « Electrabel », avait fortement insisté sur la fixation d’un plafond pour les coûts liés au traitement des déchets radioactifs et des combustibles usés, ce qui offre davantage de « clarté » à cet opérateur énergétique. En outre, l’accord détermine un ensemble de garanties permettant d’assurer la bonne exécution des engagements de l’opérateur nucléaire.
Auparavant, le gouvernement belge avait annoncé, le 18 mars, sa décision de reporter sa sortie complète de la production d’énergie nucléaire pour une période de dix ans, initialement prévue pour 2025. Les sept réacteurs devaient arrêter progressivement leur production entre fin 2022 et fin 2025, ce qui a conduit à la fermeture d’un réacteur fin septembre dernier.
Ainsi, le 23 septembre 2022, « Electrabel » avait déconnecté définitivement le réacteur Doel 3 du réseau à haute tension, conformément aux dispositions de la loi du 31 janvier 2003 relative à la suppression progressive de la contribution de l’énergie nucléaire à la production d’électricité industrielle en Belgique. Ainsi, Doel 3 devient le premier réacteur nucléaire belge à cesser définitivement de produire de l’électricité dans le pays.
Mais dans le contexte de la crise énergétique, et sur la base de sa nouvelle orientation, le gouvernement fédéral a exprimé le souhait de conclure des accords globaux dans les mois à venir, qui incluent la réalisation d’études environnementales, techniques et de sécurité pour le processus d’extension de la durée de vie des réacteurs nucléaires, avant le feu vert de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire.
Toutefois, la décision de prolonger la vie des centrales nucléaires ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique belge, le parti d’opposition Nouvelle Alliance Flamande (NV-A) n’ayant pas tardé à fustiger l’accord signé avec « Engie », qui, selon lui, coûtera plus cher que ses revenus, estimant que la décision augmentera davantage les charges financières pour les citoyens.
De leur côté, les chefs du parti chrétien-démocrate flamand, Sammy Mahdi, et des Libéraux et démocrates flamands, Egbert Lachaert, ont fait part de leur satisfaction de cet accord qui, à leurs yeux, demeure nécessaire pour préserver les approvisionnements énergétiques du pays et réduire sa dépendance de l’étranger.
De son côté, le chef du Mouvement Réformateur (MR), Georges-Louis Bouchez, a souligné que l’allongement de la durée de vie des réacteurs nucléaires n’impliquera pas de nouveaux impôts pour les consommateurs, car selon lui, l’électricité produite par ses réacteurs était moins coûteuse et permettra des marges plus amples.
En procédant de la sorte, et à l’image de nombre de pays européens, la Belgique cherche à réduire la pression énergétique consécutive au conflit russo-ukrainien, qui l’a contrainte à revoir ses priorités, quitte à recourir à nouveau au nucléaire, dont l’abandon est l’une des conditions préalables à l’engagement dans les efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique.