Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin, visé par une information judiciaire pour viol, a été entendu lundi matin par les juges, ont indiqué ses avocats à l’AFP.
« Gérald Darmanin, sur sa demande, a été auditionné ce matin par deux juges d’instruction dans le cadre » de l’information judiciaire sur une accusation de viol pour des faits datant de 2009, ont annoncé Me Mathias Chichportich et Pierre-Olivier Sur, confirmant une information de l’hebdomadaire Le Point.
Le ministre « continue à se tenir à la disposition de la justice », selon ses conseils. Les juges d’instruction chargés de l’affaire ont décidé d’entendre le ministre comme témoin assisté, mais peuvent au cours de la procédure l’inculper en cas d' »indices graves ou concordants ».
M. Darmanin est accusé par Sophie Patterson-Spatz de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance.
En 2009, la plaignante s’était adressée à l’élu, alors chargé de mission au service des affaires juridiques de l’UMP (droite, ancêtre de Les Républicains), pour tenter de faire réviser une condamnation de 2004 pour chantage et appels malveillants contre un ex-compagnon.
Selon elle, M. Darmanin lui aurait fait miroiter son appui auprès de la Chancellerie via une lettre, en échange de faveurs sexuelles qu’elle aurait acceptées en mars 2009, se sentant contrainte de « passer à la casserole », selon son expression devant les enquêteurs.
M. Darmanin lui aurait dit, selon elle: « Je vais vous aider », avant de lui « prendre la main » et d’ajouter: « Moi aussi, il va falloir m’aider ».
La cour d’appel de Paris avait ordonné mi-juin la reprise des investigations sur cette accusation de viol visant Gérald Darmanin, près de deux ans après le refus d’une juge d’instruction de reprendre l’enquête, estimant l’enquête préliminaire suffisante pour écarter les accusations.
Entendu pendant l’enquête préliminaire en février 2018, M. Darmanin avait confirmé avoir eu une relation sexuelle avec Mme Patterson-Spatz, mais selon lui librement consentie et à l’initiative de la plaignante : « Il n’y a eu aucune contrepartie ».
« Il faut quand même mesurer ce que c’est que d’être accusé à tort, de devoir expliquer à ses parents ce qu’il s’est passé parce que, c’est vrai, j’ai eu une vie de jeune homme », avait expliqué M. Darmanin, au quotidien à La Voix du Nord en juillet.
Le ministre, qui a déposé plainte pour dénonciation calomnieuse et dont la désignation à l’Intérieur avait été critiquée par des féministes à cause de cette affaire, est très exposé depuis des semaines dans un débat sur les violences policières et une proposition de loi « sécurité globale » très controversée.
Sous pression, il avait dû demander fin novembre la révocation des quatre policiers pour le tabassage d’un producteur noir, Michel Zecler, dont les vidéos avaient provoqué une onde de choc.
Plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont défilé samedi pour la troisième semaine consécutive dans les rues de Paris et de plusieurs villes de France pour dénoncer une proposition de loi sur la sécurité qu’ils considèrent comme « liberticide ».