Egypte: un tribunal ordonne la libération d’un journaliste d’Al Jazeera

Un tribunal égyptien a ordonné jeudi la libération d’un journaliste de la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera après près de deux ans et demi de détention, ont indiqué à l’AFP son avocat et une source judiciaire.

Mahmoud Hussein, un Egyptien qui travaillait au siège d’Al Jazeera à Doha, avait été arrêté fin décembre 2016, trois jours après son arrivée en Egypte pour des congés en famille.

Il avait été accusé d’incitation à la sédition contre l’Etat et de diffusion de fausses informations. Sur son site, Al Jazeera a indiqué que son employé avait été retenu en détention "sans inculpation formelle, sans procès et sans jugement".

La date de sa libération reste inconnue mais son avocat Me Taher Abul Nasr a indiqué qu’elle devrait avoir lieu "d’ici quelques jours".

Al Jazeera est accusée par Le Caire de soutenir le mouvement des Frères musulmans, interdit par les autorités égyptiennes. L’accès au site d’Al Jazeera est bloqué en Egypte depuis 2017.

Depuis 2013 et l’éviction par Abdel Fattah Al-Sissi du président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans et soutenu par Doha, le pouvoir accuse le mouvement islamiste de violences et le considère comme une organisation "terroriste".

En 2013, les autorités avaient arrêté et emprisonné trois journalistes d’Al Jazeera, dont un Egypto-Canadien et un Australien, soulevant une vague de protestation internationale.

Les trois journalistes, accusés des mêmes chefs que Mahmoud Hussein, avaient finalement été libérés en 2015. L’Australien avait été expulsé et les deux autres libérés plus tard après avoir reçu le pardon du président Abdel Fattah al-Sissi.

Le 5 juin 2017, les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite, Bahreïn et l’Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar et ont coupé les liens aériens, maritimes et terrestres avec ce pays qu’ils accusent de soutenir des groupes radicaux, dont les Frères musulmans, et de se rapprocher de l’Iran, malgré les démentis de Doha.

Depuis l’arrivée au pouvoir de M. Sissi en 2014, des centaines de partisans de la confrérie, alors l’opposition la mieux organisée, ont été détenus, exécutés ou contraints à l’exil par un régime régulièrement accusé par les ONG de réprimer les voix dissidentes.

Des ONG dénoncent régulièrement les arrestations tous azimuts, les procès de masse ainsi que le musellement de la presse et de l’opposition.

Selon l’ONG Reporters sans frontières, des dizaines de journalistes sont toujours emprisonnés en Egypte.

Les autorités se défendent de toute atteinte à la liberté d’expression bien que le pays occupe la 163e place sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse 2019 établi par cette ONG.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite