Une concomitance qui serait impossible en France. La justice française obéit en effet à l’adage suivant : "le pénal tient le civil en l’état". En d’autres termes, une affaire est d’abord jugée par un tribunal pénal. Ce n’est qu’ensuite qu’un juge civil peut décider d’accorder ou non des dommages et intérêts. Il s’agit de ne pas créer de contradiction entre les deux jugements : en France, pas de demi-mesure, une personne est coupable ou non coupable.
OJ Simpson, acquitté au pénal, condamné au civil
Aux Etats-Unis, en revanche, les choses sont moins tranchées : il est tout à fait possible d’être acquitté par un tribunal pénal mais condamné par un tribunal civil, alors que les faits sont rigoureusement identiques. On peut également être jugé par un tribunal civil, alors que les charges ont été abandonnées sur le plan pénal – ce qui, là aussi, est absolument impossible en France.
Et parfois, cela donne des contradictions flagrantes, comme dans le cas de l’affaire OJ Simpson. Acquitté en 1995 pour le meurtre de son ex-épouse et du compagnon de celle-ci au terme d’un long et très médiatique procès, l’ancien joueur de football américain a été condamné deux ans plus tard à payer 33,5 millions de dollars de dommages et intérêts.
Cette configuration pourrait-elle s’appliquer à l’affaire Dominique Strauss-Kahn ? Certains observateurs américains voient en tout cas dans cette plainte au civil la preuve que les avocats de Nafissatou Diallo ont peu d’espoir d’obtenir une condamnation de DSK au pénal, puisque la crédibilité de la plaignante a été mise en doute. Il est même possible que le procès pénal n’ait pas lieu.
Plus facile de convaincre un juge civil
En revanche, une condamnation au civil est tout à fait plausible. Les deux procédures ne fonctionnent en effet pas de la même manière. Au pénal, la culpabilité doit être établie "au-delà de tout doute raisonnable", et les jurés doivent se prononcer à l’unanimité. Au civil, la plaignante doit simplement apporter plus d’éléments en sa faveur que la défense, ce qui s’appelle la prépondérance de preuves. Plus facile, donc, à obtenir pour Nafissatou Diallo.
Dominique Strauss-Kahn pourrait donc avoir du mal à échapper à une lourde condamnation financière. La défense de DSK n’a d’ailleurs pas tardé à riposter. Dans un communiqué, William Taylor et Benjamin Brafman ont affirmé que cette plainte était la preuve que Nafissatou Diallo ne cherchait "qu’à se faire de l’argent".