Cette alliance est née d’une discussion, le 1er juin 2008, dans un restaurant du XIIIe arrondissement de Paris. Autour de la table : Aubry, Fabius, Jean-Christophe Cambadélis et Pierre Moscovici, représentants de DSK retenus à Washington. Inquiets de la montée en puissance de Ségolène Royal, contre laquelle ils décident de s’allier pour rafler le parti au congrès de Reims, ils évoquent l’idée d’une « présidentielle externalisée » – autrement dit d’une primaire – avec un candidat commun. Ce soir-là, Moscovici claque la porte : « Je n’en suis pas ! », lance-t-il.
L’idée chemine pourtant. Elle est entérinée au cours de l’été, quand Aubry rend visite à Strauss-Kahn à Marrakech. « Rien n’a été signé mais ils se sont mis d’accord, raconte un témoin. En novembre, DSK apporte son soutien à Aubry et, avec Fabius, ils continuent à échanger pour la présidentielle. » Favori des sondages, Strauss-Kahn fait part de son envie de concourir. Patatras ! Ses ambitions s’écroulent le 14 mai. Aubry, qui –malgré les dénégations de ses proches – avait renoncé à se présenter, décide alors de briguer l’investiture socialiste.
"Candidate de substitution"
Aussitôt attaquée par l’entourage de François Hollande sur son « manque de préparation et d’envie », elle tente depuis, à grand peine, de décoller l’étiquette d’une « candidate de substitution ». Mais celle-ci est tenace. Et dimanche soir, DSK l’a lui-même accréditée, ouvrant une brèche dans laquelle se sont engouffrés, lundi, les « hollandais ». « La volonté, l’envie, ça ne s’improvise pas après un empêchement », tacle ainsi le député Bruno Le Roux. Moscovici, coordinateur de campagne du député de Corrèze, renchérit : « Quand on entre dans une élection comme la primaire, on doit être déterminé par soi-même et par ses convictions. » Et André Vallini d’enfoncer le clou : « Hollande, lui, n’a jamais été dans aucun pacte ni arrangement. »
Cette charge violente, à moins d’un mois du premier tour de la primaire, a contraint Aubry à répliquer, lundi à Nice. « Est-ce que j’ai l’air d’une candidate de substitution ?, ironise-t-elle. Non, je suis la candidate qu’il faut, voilà le bon slogan ! » A Moscovici qui l’accuse d’avoir « nié » l’existence du pacte, elle répond qu’elle « n’aime pas ce terme ». « Nous n’allons pas nous lancer dans une bataille de mots, relaie Olivier Dussopt, son porte-parole. Martine a toujours dit qu’elle s’inscrivait dans un travail commun avec Strauss-Kahn, Fabius et Delanoë. Je ne vois rien, dans les déclarations de DSK, qui la mette en porte-à-faux. » Elle n’en apparaît pas moins fragilisée.
Tristane Banon : "Ça fait mal"
« Ça fait mal », a réagi lundi sur Canal+ Tristane Banon au sujet de l’intervention de Dominique Strauss-Kahn sur TF1. Il n’a « pas un mot ni pour Nafissatou Diallo, ni pour moi », s’est-elle indignée. Alors que DSK a confié avoir perdu sa « légèreté » depuis son arrestation à New York, Banon a ironisé : « Je suis navrée pour lui. Moi, en ce qui me concerne, la légèreté je l’ai perdue le 11 février 2003 » – date de la tentative de viol supposée dont elle accuse l’ex-patron du FMI. Ce jour-là, « je pense que si j’avais pas eu beaucoup, beaucoup de chance, ça aurait fini par un viol », a-t-elle réaffirmé. D’ailleurs, si l’affaire est classée par la justice, « je me constituerai partie civile » pour obtenir la désignation d’un juge d’instruction, a-t-elle prévenu. DSK a qualifié dimanche d’« imaginaires » les accusations de la jeune femme de 32 ans, après avoir toutefois reconnu dans le cadre de l’enquête lui avoir fait des « avances ». « C’est pas normal […] qu’on offre le JT de TF1, comme une rock star […] à quelqu’un qui est encore sous le coup de deux procédures dans deux pays », s’est insurgée Tristane Banon.
(Source France Soir)