Il a indiqué que l’expérience marocaine en matière de développement humain, qui est traduite par l’Initiative nationale pour le développement humain, a le mérite d’avoir mis la lumière sur la question de la redistribution des richesses et la réduction des inégalités au sein du même pays.
"Il faut se féliciter de ce que le Maroc, à l’initiative de SM le Roi, se soit engagé dans la voie de cette initiative", a poursuivi le DG du FMI, soulignant que l’expérience a montré que la croissance est certes nécessaire mais insuffisante pour la réduction des inégalités, le développement de l’éducation, de la santé ou encore le rôle des femmes, d’où l’importance de politiques volontaires comme l’INDH.
Dans une conjoncture où l’illusion de la continuité du système économique mondial s’est effondrée, le Forum d’Agadir a le mérite de poser la question fondamentale: quelle politique mettre en marche à côté de la croissance pour résorber les inégalités ?, a-t-il dit.
Selon M. Strauss-Kahn, "la croissance est plus forte quand on prête davantage d’attention aux questions des inégalités et du développement humain parce que les deux s’imbriquent". En plus, les sociétés les plus inégalitaires sont celles-là mêmes qui ont les indicateurs sociaux les plus faibles.
"Les deux sont liés: la croissance n’est pas suffisante mais il sert pour le développement humain et les politiques de développement humain permettent d’atteindre une meilleure croissance", a-t-il expliqué, ajoutant qu’il est important que des pays émergents comme le Maroc s’interrogent sur le rapport entre croissance et développement humain.
Interrogé par ailleurs sur l’impact économique de l’absence de l’intégration entre les pays du Maghreb, il a estimé que la faiblesse de l’intégration régionale fait perdre des points de croissance à tous les Etats de la région et entrave par là même la mise en place de plusieurs initiatives, dont certaines lancées par le FMI.
Evoquant par ailleurs les conséquences de l’actuelle crise économique internationale, M. Strauss-Kahn a indiqué que le monde n’a pas encore traversé la zone de turbulences, soulignant la nécessité d’une nouvelle mondialisation à visage humain qui "repose sur le marché certes mais un marché dont on tempère les conséquences et l’impact".
A ce propos, il a notamment conseillé l’utilisation du marché pour assurer la croissance, tout en estimant qu’il faut ‘’refuser que la main invisible soit un point visible’’.
De même, il a appelé à rééquilibrer la croissance, en la faisant reposer sur la demande et à ‘’redistribuer la richesse’’ à travers ‘’la création d’une classe moyenne’’. Entre autres plaidoyers, il a également recommandé la mise en place de filets de sécurité sociale et la ‘’poussée vers une croissance innovante plus verte’’.
Le Forum d’Agadir réunit, deux jours durant, de nombreux hommes politiques, des représentants des agences internationales spécialisées, et du mouvement associatif des quatre coins du monde autour de la thématique d’actualité liée au développement humain.