Des milliers de Portugais manifestent à Lisbonne contre les mesures d’austérité

Des milliers de manifestants ont défilé mercredi dans le centre de Lisbonne pour protester contre les mesures d’austérité du gouvernement, dans le cadre d’une grève générale contre la politique de rigueur qui suscite une grogne sociale grandissante.

Les manifestants se sont rassemblés dans une grande place au cÂœur de la capitale avant de se diriger vers le siège du Parlement tout en scandant des slogans hostiles aux mesures de rigueur que le gouvernement compte renforcer l’année prochaine pour répondre aux exigences de ses créanciers internationaux.

"Dehors, dehors, la faim, la misère et le FMI", "Cette dette n’est pas la notre", "FMI dehors", "le peuple uni ne sera jamais vaincu", criaient les protestataires réunis à l’appel du principal syndicat portugais, la CGTP, qui a convoqué la grève générale de 24 heures.

"Cette grève est une des plus grandes jamais réalisées au Portugal. C’est la grève générale de l’indignation", a dit le secrétaire général de la CGTP, Armenio Carlos, dans une intervention à la fin du défilé devant le parlement, tout en dénonçant la hausse des impôts et les coupes budgétaires prévues par la loi de finances pour l’année prochaine.

Le responsable syndical a fait savoir que la CGTP va remettre au président Anibal Cavaco Silva une liste des mesures d’austérité prévues dans le budget 2013, qu’elle considère comme inconstitutionnelles.

Des manifestants appartenant au mouvement des "Indignés", des travailleurs précaires, et des dockers, en grève depuis plusieurs semaines, ont également participé à cette manifestation au cours de laquelle un groupe de protestataires a fait exploser des pétards.

Des manifestations anti-austérité ont été également organisées dans une quarantaine de villes du pays, notamment à Porto, et constituaient le moment fort de la grève générale qui a particulièrement perturbé les transports et les services publics.

Le Portugal tournait mercredi au ralenti en raison de ce mouvement de protestation. A Lisbonne, cette grève a entièrement paralysé le métro et la plupart des trains sont restés à l’arrêt tandis que moins de 200 vols ont pu être assurés par les trois principaux aéroports du pays, ceux de Lisbonne, Porto (nord) et Faro (sud).

Les navettes fluviales entre les deux rives du Tage n’ont assuré qu’un service minimum réduit tandis que les personnels de nombreux hô pitaux ont également fait grève et la plupart des écoles ont été fermées.

Cette grève générale, la deuxième depuis mars 2012, s’inscrit dans le cadre d’une journée de mobilisation européenne contre l’austérité, le chô mage et la précarité, qui se veut un avertissement contre les politiques d’austérité en Europe. Cette journée d’action est marquée par une grève générale également en Espagne ainsi que des manifestations et des arrêts de travail dans une vingtaine de pays.

"Espagne, Grèce et Portugal, notre grève est internationale", scandaient les protestataires, dont plusieurs affirment manifester en solidarité avec les travailleurs qui, dans toute l’Europe, rejettent les politiques d’austérité.

"Cette première grève ibérique est un signal fort de mécontentement et un avertissement aux autorités européennes", a souligné le secrétaire général de la CGTP, proche du parti communiste.

Même si l’UGT, deuxième centrale syndicale portugaise, n’a pas soutenu le mot d’ordre de grève générale, environ la moitié des quelque cinquante syndicats qui lui sont affiliés ont appelé à arrêter le travail de même que plusieurs syndicats indépendants.

Bravant la grève, de nombreux lisboètes et banlieusards se sont efforcés de rejoindre leurs lieux de travail, tandis que la plupart des commerces étaient restés ouverts.

La grève générale au Portugal est intervenue alors que la "troïka" représentant les créanciers du Portugal, bête noire des contestataires, effectue une nouvelle évaluation des mesures d’austérité mises en Âœuvre en échange du plan de sauvetage international de 78 milliards d’euros, accordé au pays il y a un an et demi.

La mission, qui durera environ une semaine, devra aboutir en cas de satisfecit, au versement d’une nouvelle tranche d’aide d’un montant de 2,5 milliards d’euros.

Après sa dernière inspection, la troïka UE-BCE-FMI a assoupli les objectifs budgétaires du Portugal, qui peine à redresser des finances publiques plombées par une récession économique accentuée et un taux de chômage record.

Selon des chiffres publiés mercredi par l’Institut national des statistiques, le chô mage au Portugal a une nouvelle fois battu un record au troisième trimestre, à 15,8 % de la population active alors que l’économie s’est contractée de 0,8 pc par rapport au trimestre précédent et de 3,4 % sur un an.

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