Démission d’un directeur de théâtre à Ivry sur fond d’affaire de viol présumé

Le directeur du Théâtre des Quartiers d’Ivry (Val-de-Marne) Jean-Pierre Baro, éclaboussé depuis un an par une affaire de viol présumé, a annoncé jeudi à l’AFP qu’il quittait ses fonctions, au lendemain d’une grève du personnel de l’établissement appelant à sa démission.

"Je suis au clair avec ma conscience. Je ne renonce à la direction du Théâtre des Quartiers d’Ivry que pour préserver cette magnifique institution, mais je ne laisserai ni salir mon honneur ni fouler au pied ma présomption d’innocence", a affirmé le directeur qui a été visé par une plainte en 2018 avant qu’elle ne soit classée sans suite.

La plainte a été déposée par une jeune femme qui travaillait dans un bureau de production, pour des faits qui se seraient déroulés en septembre 2011, des années avant qu’il ne prenne la direction du théâtre.

La plainte a été classée sans suite en mars 2019, faute de preuve. Mais dans un blog hébergé par le site Mediapart, le critique de théâtre Jean-Pierre Thibaudat a rendu publique l’affaire en juin en détaillant les allégations de la jeune femme, qui dit avoir été violée dans son appartement.

Affirmant vouloir faire entendre sa voix "face au tombereau d’accusations et d’injures" dont il fait l’objet, M. Baro a clamé à nouveau son innocence.

"Une enquête a été menée. J’ai été longuement interrogé en garde à vue. Une confrontation entre elle et moi a été organisée. Lors de cette confrontation et devant les policiers, il est apparu que je n’avais jamais forcé cette relation", indique le directeur, également metteur en scène, dans le communiqué transmis à l’AFP.

"Je n’ai ce soir-là exercé aucune forme de violence ni de pression. Cette relation, je l’ai vécue comme totalement consentie. Rien, ni ce soir-là ni par la suite, ne m’a permis d’imaginer un instant qu’il put en être autrement. Ce n’est que sept ans plus tard que j’ai appris qu’elle considérait ne pas avoir désiré cette relation".

"J’ai un très grand respect pour la libération de la parole des femmes et pour leur combat. C’est une cause essentielle. Mais elle est ici dévoyée et se transforme en un lynchage public fait de rumeurs et de délation", a encore ajouté M. Baro.

Une centaine de personnes s’étaient rassemblées mercredi soir au TQI, à Ivry-sur-Seine pour appeler à la démission de Jean-Pierre Baro, évoquant les retombées catastrophiques de l’affaire sur le théâtre.

"Le public déserte nos salles. De nombreux artistes refusent de mettre les pieds au théâtre ou d’avoir affaire à sa direction. Les partenaires territoriaux se désengagent", a indiqué le personnel dans un communiqué.

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