Déchéance de nationalité : pour Valls, « une partie de la gauche s’égare »
Le premier ministre français, Manuel Valls, reproche à une partie de la gauche de « s’égarer au nom des grandes valeurs », dans une interview au Journal du Dimanche. Julien Dray et Benoît Hamon affichent quant à eux leur opposition.
"Schisme dans le peuple de gauche"
L’ancien ministre de l’Education, qui a quitté le gouvernement à l’été 2014 et retrouvé son poste de député des Yvelines, estime dans le JDD qu’inscrire dans la Constitution la déchéance de la nationalité "revient à établir la distinction entre deux citoyens français de naissance, suivant qu’ils sont binationaux ou non". "En introduisant cette distinction, la République n’est plus indivisible", continue-il. "Le symbole choisi, et quel symbole, envoie à des millions de nos compatriotes le message suivant: vous êtes des Français de seconde catégorie." Et Benoît Hamon de prévenir qu’il votera contre la proposition. "Cette décision va provoquer un schisme dans le peuple de gauche mais aussi dans la communauté nationale. C’était une proposition de l’extrême droite, une proposition qualifiée dans un passé récent de ‘dangereuse’ par François Hollande et de ‘nauséabonde’ par Manuel Valls", indique-t-il.
L’ex-député socialiste Julien Dray confie quant à lui, toujours dans le JDD, qu’"(il) ne (s)’explique pas la décision du président". "Depuis le discours de François Hollande à Versailles le 16 novembre, je n’ai cessé de dire que cette mesure me semble ouvrir une polémique et des divisions inutiles dans le moment actuel", dit-il. "La France a mieux à faire que de se quereller sur une mesure dont tout le monde sait qu’elle n’est d’aucune efficacité, même symbolique, contre le terrorisme", juge le conseiller régional d’Île-de-France.
La mesure, jugée symbolique par le Premier ministre lui-même, figurera dans le projet de loi constitutionnelle voulu par François Hollande après les attentats du 13 novembre et sera débattue au Parlement au début de l’année prochaine. Julien Dray propose à la place une "véritable peine d’indignité républicaine frappant les terroristes condamnés". "Cela éviterait de toucher au droit du sol et de créer – implicitement- plusieurs catégories de Français", suggère-t-il.