Dati la Marocaine (Journal Du Dimanche)

L’ex-ministre de la Justice est décorée par le pays de son père. Une séquence racines avant le retour des ambitions.

Dati la Marocaine (Journal Du Dimanche)
Après la romancière née à Casablanca Christine Orban, le musicien Jean-Michel Jarre, auteur d’un mémorable concert dans les dunes de Merzouga, au sud du Maroc, et le comédien Jamel Debbouze, Rachida Dati a été officiellement faite hier grand officier du Wissam al-Alaoui par El Mostapha Sahel, ambassadeur du Maroc en France. L’équivalent marocain de la Légion d’honneur.

Une remise de décoration qui, précise le numéro deux de l’ambassade Redouane Adghoughi, "était programmée depuis le début de l’année". "A chaque fois qu’elle en a eu l’occasion, poursuit le ministre conseiller, Rachida Dati a contribué au rapprochement entre la France et le Maroc. Eurodéputée, elle prend dès qu’elle le peut la parole pour soutenir l’aide à la Méditerranée." Manière de dire qu’il ne s’agit pas d’un réconfort de dernière minute offert par l’ami de Rachida, le roi Mohammed VI, fils d’un autre ami roi, Hassan II.

"Les Américains sont très intéressés par mon parcours"
La cérémonie tombe tout de même à pic alors que l’ancienne garde des Sceaux, privée cette semaine de voyage à Washington pour cause d’éruption volcanique, traverse une forte zone de turbulences après sa mise en cause, puis sa réhabilitation radiophonique expresse dans l’affaire dite "des rumeurs". "Il ne faut pas se laisser déstabiliser et se concentrer sur les véritables projets", élude-t-elle. Depuis sa mairie du 7e, elle peaufine ses amitiés internationales. A Wa-shington, elle devait rencontrer Eric Holder, procureur général des Etats-Unis, l’équivalent, dans l’administration américaine, du ministre de la Justice qu’elle a été jusqu’en janvier 2009, pour parler lutte contre le terrorisme. Ce sera remis à plus tard. "Les Américains sont très intéressés par mon parcours, lance-t-elle. Ils me disent que je remplis toutes les rubriques!" Elle est aussi en relation avec Jack Straw, chargé de la justice dans le gouvernement Brown, outre-Manche. Avec lui, elle parle identité, "le fondement d’une nation", et immigration. Quant à Mohammed VI? Elle a conversé avec lui "par téléphone la semaine dernière".

Hier soir, la fille de Mbarek Dati, maçon arrivé de Casablanca en 1963, s’était entourée, comme d’un cocon, de ceux qui ont accompagné son ascension et qu’elle a tenu à remercier, visiblement très émue. Albin Chalandon, l’ancien ministre de la Justice, qui l’a fait entrer au service comptabilité d’Elf Aquitaine, mais aussi le directeur de clinique qui lui offrit son premier emploi d’aide-soignante à 16 ans et demi. Andrée et Guillaume Sarkozy, la mère et le frère du chef de l’Etat étaient présents, hier soir. Il y avait aussi des membres de la famille de Rachida Dati.

"Mon père est marocain ; ma mère, d’origine algérienne, est enterrée dans ce pays. On a toujours passé nos vacances à Casablanca ou dans ses environs, nous expliquait-elle jeudi. C’est un pays qui a une tradition d’accueil et de protection, qui suit les parcours. Cette décoration, c’est finalement une reconnaissance pour l’ensemble des enfants d’immigrés." Celle qui s’affirme "grisée par rien" n’a pas vraiment envie d’en dire plus. Tout juste concédera-t-elle que "les racines sont un élément structurant". Et parfois rassurant ?

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