Le prince Harry et son épouse Meghan ont décidé de renoncer à leur rôle de premier plan au sein de la famille royale britannique pour s’installer une partie de l’année en Amérique du Nord, une décision choc accueillie froidement mercredi par le palais de Buckingham.
Cette annonce du duc – sixième dans l’ordre de succession au trône – et de la duchesse de Sussex, qui évoquaient ouvertement leur difficulté à vivre la pression médiatique, intervient après une année de crises pour les Windsor.
« Nous avons l’intention de renoncer (au rôle de) membres +senior+ de la famille royale et de travailler pour devenir financièrement indépendants, tout en continuant à soutenir la reine », ont annoncé dans un communiqué le petit-fils d’Elizabeth II et son épouse.
« Nous prévoyons désormais de partager notre temps entre le Royaume-Uni et l’Amérique du Nord », ont-ils ajouté, disant vouloir fonder une organisation caritative et assurant avoir pris cette décision « après de nombreux mois de réflexion ».
Cette décision a pris par surprise la famille royale, qui espérait pouvoir entamer 2020 sous de meilleurs auspices après, du propre aveu de la reine, une année « semée d’embûches »: elle a été confrontée à l’irruption du nom du prince Andrew dans l’affaire du pédophile américain Jeffrey Epstein et à un accident de la route causé par le prince Philip, le mari de la souveraine, de santé fragile.
« Les discussions avec le duc et la duchesse de Sussex sont à un stade précoce. Nous comprenons leur désir de prendre une autre voie, mais ce sont des questions compliquées qui prennent du temps à régler », a-t-elle recadré dans un communiqué transmis par le palais de Buckingham.
La reine Elizabeth II, 93 ans, reconnaît ainsi avoir été prise de court par la diffusion du message explosif du couple, qui venait de rentrer d’un séjour de plusieurs semaines au Canada. Ils y ont fêté Noël, loin de la reine, avec leur fils Archie, né le 6 mai 2019, un an après leur mariage fastueux retransmis par les télévisions du monde entier.
Leur absence sur les photos avec la reine pour les fêtes avait été lue par les chroniqueurs royaux comme un signe du resserrement autour des descendants directs au trône, le prince Charles et son fils aîné William.
Ancienne actrice, l’Américaine de 38 ans a habité sept ans à Toronto, où elle participait au tournage de la série « Suits ». C’est aussi dans cette ville que le couple s’était affiché ouvertement pour la première fois en public en 2017.
« duchesse capricieuse »
Harry et Meghan avaient décidé de prendre des vacances prolongées après s’être ouverts dans un documentaire, en octobre, de leurs difficultés face à l’exposition médiatique. Le couple royal s’était attiré des critiques acerbes de la presse en s’épanchant de la sorte lors d’un voyage en Afrique où il a été confronté à une population vivant des situations bien plus dramatiques, mais aussi au moment où le Royaume-Uni se déchirait sur le Brexit.
Dans un premier temps, les tabloïds avaient salué l’arrivée de l’ex-actrice comme un souffle d’air frais pour la famille royale. Ils n’avaient pas tardé à se retourner contre elle avec des articles au vitriol, critiquant son comportement, après une série de démissions au sein du personnel de la maison royale, et l’affublant du sobriquet de « duchesse capricieuse » (Duchess Difficult).
Face aux critiques, Harry, 35 ans, a déposé début octobre une série de plaintes contre les tabloïds Daily Mail et The Sun, les accusant de violer sa vie privée. Il avait alors publié un communiqué disant craindre que « l’histoire se répète » et que sa femme soit victime « des mêmes forces puissantes » ayant conduit à la mort de sa mère.
Poursuivie par des paparazzi à moto, « Lady Di » est décédée le 31 août 1997 dans un accident de voiture à Paris.
La presse à scandale s’est également emparée des fissures apparaissant entre Harry et son grand frère William, deuxième dans l’ordre de succession à la reine Elizabeth, la mettant sur le compte d’une mésentente entre leurs épouses. Après avoir déménagé du palais londonien de Kensington, où ils vivaient avec William et Kate, Harry et Meghan avaient rompu en juin dernier avec la fondation où les deux couples oeuvraient ensemble.
« Nous sommes certainement sur des chemins différents en ce moment mais je serai toujours là pour lui, tout comme je sais qu’il sera toujours là pour moi », a dit Harry à propos de son aîné, reconnaissant « des bons et des mauvais jours ».