Coup d’envoi d’un G20 plus divisé que jamais

Les dirigeants du G20 ont ouvert vendredi à Buenos Aires le sommet peut-être le plus tendu de l’histoire de ces rencontres, qui se jouera en grande partie autour d’un quatuor: Donald Trump, Vladimir Poutine, Mohammed ben Salmane et Xi Jinping.

Il est 15H00 GMT quand les chefs d’Etat et de gouvernements posent pour une photo de famille avant de s’asseoir à la table de réunion – sans la chancelière Angela Merkel, qui ne devait arriver qu’en début de soirée pour cause d’avion gouvernemental défaillant.

Comme rapprochés par les critiques internationales qui les visent, Vladimir Poutine et "MBS" affichent leur bonne entente.

Le président russe et le prince héritier saoudien, commandant chacun d’immenses ressources d’hydrocarbures, se saluent avec une cordialité très remarquée, d’un geste à mi-chemin entre une poignée de main et le "tope-là" de deux adolescents.

Le premier est critiqué pour les tensions avec l’Ukraine, après l’arraisonnement de trois navires de la marine ukrainienne en mer Noire par les gardes-côtes russes. Le second a vu sa réputation de réformateur entachée par l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.

Le président français Emmanuel Macron a eu également un aparté vendredi avec Mohammed ben Salmane, mais sur un tout autre ton, affirme l’Elysée. Des images de l’entretien ont circulé, sans enregistrement des voix.

Selon la présidence française, Emmanuel Macron a demandé "d’associer des experts internationaux à l’enquête" sur le meurtre de Jamal Khashoggi et il a défendu "la nécessité d’une solution politique au Yémen".

Le président français a posé pour la photo de famille à côté de Donald Trump. Leur relation s’est singulièrement dégradée après une série de tweets moqueurs du président américain.

Celui-ci affichait vendredi une mine renfrognée lors de l’ouverture officielle des débats, loin de l’enthousiasme avec lequel il a vanté dans la matinée la signature d’un nouvel accord de libre-échange nord-américain négocié à son initiative.

Le président chinois Xi Jinping était lui impassible.

Il aura samedi un dîner de tous les dangers avec Donald Trump, pour tenter d’enrayer un conflit commercial potentiellement catastrophique pour l’économie mondiale.

"Il existe des signes positifs, nous allons voir ce qui se passe. Si nous pouvions parvenir à un accord, ce serait bien", a déclaré le président américain, qui dit tout et son contraire sur cette entrevue depuis plusieurs jours.

Donald Trump goûte peu de manière générale les grandes rencontres diplomatiques. Et son caractère impulsif pourrait bien être encore accentué lors du G20 par de nouvelles révélations à charge dans l’enquête aux Etats-Unis sur l’ingérence russe lors de sa campagne présidentielle.

"Vicieuse"

Il a déjà pris tout le monde de court jeudi en annulant une réunion bilatérale avec Vladimir Poutine. Côté américain, on a déploré que l’enquête en cours aux Etats-Unis "pénalise" la relation avec la Russie, tout en assurant que cette annulation était seulement liée à la crise en Ukraine.

Alors que Kiev annonce des mesures pour limiter l’accès des hommes russes à son territoire, le président du Conseil européen Donald Tusk s’est dit "sûr" à Buenos Aires que les sanctions de l’Union européenne contre la Russie seraient reconduites en décembre.

"Une pratique vicieuse du recours aux sanctions unilatérales illégales et aux mesures protectionnistes se répand", a déploré de son côté le président russe.

Il sera bien difficile à ce G20 de tenir la promesse faite lors du tout premier sommet de ce genre, en novembre 2008: celle de passer par le multilatéralisme pour apporter la "prospérité" au monde.

Les Européens présents au G20 (France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Grande-Bretagne, UE) vont tenter de sauver les meubles en obtenant au moins 19 signatures – celle de Donald Trump étant inimaginable – sous un engagement franc de lutte contre le réchauffement climatique.

Pour le reste, les diplomates s’acharnent encore sur un communiqué final qu’endosseraient les 20 protagonistes. Le sujet le plus délicat, hors climat: le commerce.

Au-delà des joutes diplomatiques, les autorités argentines redoutaient des violences lors d’une grande manifestation de protestation prévue vendredi après-midi.

Le gouvernement a décrété un jour férié, fermé écoles et moyens de transport, et déployé plus de 20.000 membres des forces de l’ordre pour quadriller des avenues désertées.

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