Les accusations d’agression sexuelle visant un cadre de l’équipementier ZTE sur sa fille adoptive continuaient lundi à enflammer les réseaux sociaux chinois dans un pays où les victimes peinent à obtenir justice.
Bao Yuming, éminent avocat chinois qui siégeait au conseil d’administration du géant des télécommunications ZTE, a démissionné vendredi après l’ouverture d’une enquête pour agression sexuelle présumée sur sa fille adoptive alors adolescente.
L’affaire a suscité l’indignation en Chine et libéré la parole en ligne, dans un pays où il reste difficile pour les victimes d’agressions sexuelles d’obtenir justice pour de tels crimes.
Lundi soir, le sujet dépassait les 210 millions de vues sur le réseau social Weibo, équivalent de Twitter dans le pays.
Wang, étudiante de 20 ans qui n’a pas donné son nom complet, a raconté sur internet avoir été violée par un voisin lorsqu’elle était enfant, dans l’espoir de sensibiliser le public. Elle a dénoncé le manque d’importance accordée à l’éducation sexuelle en Chine.
« Les émissions à la télévision dépeignent souvent les victimes de viols comme sales, incapables de se marier et non désirées, et je n’ai jamais osé en parler à ma famille », a expliqué Wang à l’AFP.
Une autre étudiante, Yu, a raconté sur Weibo avoir été tripotée à deux reprises dans les transports lorsqu’elle était écolière. Yu affirme « ne pas avoir osé » se plaindre à l’époque, craignant d’être « menacée avec un couteau ».
Des célébrités ont par ailleurs apporté leur soutien aux victimes d’agressions sexuelles, à l’image de la vedette de cinéma chinoise Zhang Ziyi. « Vous savez pourquoi il y a encore et toujours des agressions sexuelles sur des mineurs? Parce qu’elles sont révélées à maintes reprises mais sont ensuite étouffées » et leurs auteurs « ne sont pas sévèrement punis. »
Ces dernières années, la Chine a pris des mesures pour renforcer la protection des mineurs.
Selon l’avocat Lu Xiaoquan, une agression sexuelle n’est pas un crime en soi dans le droit chinois, seules des infractions spécifiques – comme le vol et les abus sur enfants – sont condamnées.
Cette dernière est passible de 15 ans d’emprisonnement, selon les chefs d’accusation.