LES FRERES KOUACHI
Chérif et Saïd Kouachi, âgés de 32 et 34 ans, tués par les forces de sécurité qui les traquaient après l’attentat contre Charlie Hebdo, avaient basculé dans l’islam radical.
Dans une conversation avec la télévision française BFMTV, quelques heures avant l’assaut, Chérif a affirmé avoir été missionné pour agir en France par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), branche d’Al-Qaïda en Arabie Saoudite et au Yémen.
Le passé tumultueux des deux hommes, Français d’origine algérienne, leur a valu d’avoir leurs noms inscrits "depuis des années" sur la liste noire américaine du terrorisme.
"Jeune homme assez classique, qui fumait, buvait et draguait les filles", selon son avocat, Chérif Kouachi, né en novembre 1982 à Paris et abandonné durant l’enfance avec son frère, était connu de l’antiterrorisme français depuis qu’il s’était radicalisé.
Surnommé Abou Issen, il a fait partie de "la filière des Buttes-Chaumont", qui visait à envoyer des jihadistes dans les rangs de la branche irakienne d’Al-Qaïda, dirigée à l’époque par Abou Moussab al-Zarkaoui.
Formé à Paris au maniement de la kalachnikov, Chérif est interpellé en 2005, juste avant de s’envoler pour l’Irak et incarcéré en préventive. Il est condamné à trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis.
Incarcéré de novembre 2005 à octobre 2006, il y fait la connaissance de Djamal Beghal, figure de l’islam radical français qui purge une peine de dix ans pour la préparation d’attentats, et y subit son influence. Il rencontre aussi à cette époque Amedy Coulibaly, accusé d’être le tireur de Montrouge et l’auteur de la prise d’otages dans un supermarché casher à Paris, également tué vendredi par les forces de sécurité.
En 2010, son nom est cité dans le projet de faire évader de prison l’islamiste Smaïn Aït Ali Belkacem, ancien membre du Groupe islamique armé algérien (GIA), condamné en 2002 à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir commis un attentat en octobre 1995 à Paris (30 blessés).
Il bénéficie cependant d’un non-lieu. Dans ce même dossier, Amedy Coulibaly a été condamné en 2013 à cinq ans de prison.
Saïd, né en septembre 1980 également à Paris, a eu un parcours plus discret, et ne semblait pas connu des services français. Il a pourtant fréquenté au Yémen une université fondamentaliste avant de s’entraîner au maniement des armes avec Al-Qaïda.
En 2013 il participe, armes en main, avec de nombreux autres étudiants étrangers, à la défense du centre salafiste de Dammaj, dans le nord du Yémen, attaqué par des miliciens chiites.
En France, il vivait à Reims (nord-est) avec son épouse, mère d’un enfant en bas âge.
AMEDY COULIBALY
Amedy Coulibaly, qui s’est réclamé avant sa mort vendredi du groupe Etat Islamique, a basculé dans l’islam radical en prison.
De petite taille, Amedy Coulibaly, 32 ans, dont les parents sont d’origine malienne, a entamé un périple de délinquant en 2000. Sa première condamnation, suivies de beaucoup d’autres, intervient en 2001 pour vol aggravé.
Il n’apparaît dans un dossier d’islam radical qu’en 2010: le projet d’évasion de Smaïn Aït Ali Belkacem. Condamné à cinq ans de prison, il a fini de purger sa peine en mai 2014.
Né en région parisienne, septième d’une fratrie de dix enfants dont il est le seul garçon, celui que l’on surnommait "Doly" ou "le frère de Grigny" vivait à Fontenay-aux-Roses en banlieue parisienne.
Titulaire d’un diplôme en audiovisuel électronique, il a enchaîné plusieurs contrats dans une usine Coca Cola entre 2008 et 2010. En juillet 2009, avec neuf autres jeunes en contrat aidé, il avait été reçu à l’Elysée par le président de la République d’alors, Nicolas Sarkozy.
Hayat Boumedienne, 26 ans, la jeune femme dont la police a diffusé vendredi un avis de recherche avec celui d’Amedy Coulibaly, était présentée lors de l’enquête sur le projet d’évasion comme sa compagne, épousée religieusement et non civilement.