"L’appartement appartient à une riche Saoudienne, explique un voisin, mais on ne la voit jamais, deux semaines par an peut-être…" Une planque idéale pour les trafiquants, qui disposaient d’une clé, sans doute grâce à une complicité parmi le personnel de la princesse Norah Bint Abdulaziz, liée à la famille royale saoudienne. "La propriétaire n’est pas suspectée", insistait-on samedi à la direction de la police policière.
Le Quai d’Orsay et même l’Elysée suivraient néanmoins l’affaire de près… Ce sont des surveillances, depuis plusieurs semaines, qui ont conduit les enquêteurs parisiens à forcer la porte de l’"appartement nourrice". Ils ont aussi interpellé quatre personnes, trois hommes de nationalité française et une femme iranienne, à Paris et à Vaucresson (Hauts-de-Seine). Plus de 170.000 euros en liquide ainsi que des vêtements et des produits de luxe ont également été saisis dans différents véhicules et domiciles perquisitionnés.
Le chef du réseau a échappé à la police
Parmi les personnes gardées à vue figurent le financier et le passeur présumés de l’équipe. En revanche, le chef du réseau, Gilles Tépié, et un complice sont parvenus à échapper aux policiers en forçant le passage au volant d’une voiture de forte cylindrée ; aucun coup de feu n’a été tiré. Un nouveau motif de cavale pour Tépié, un trafiquant d’envergure âgé de 38 ans qui était déjà visé par un mandat d’arrêt. Il a en effet été condamné à quinze ans de réclusion en avril 2008 par la cour d’assises de Melun pour l’assassinat, en juillet 2000 en Seine-et-Marne, d’un autre trafiquant de cocaïne.
Les 111 kg saisis représentent une valeur marchande de 4 à 7millions d’euros, selon que l’on considère le prix de vente au kilo (autour de 30.000 euros) ou au gramme (environ 60 euros). Destinée au marché parisien et francilien, la drogue venait directement d’Amérique du Sud (Venezuela, Saint-Domingue…) par avion. En juillet dernier, les douaniers de l’aéroport de Roissy avaient intercepté, lors d’un contrôle de routine, une valise remplie de quelque 134 kg de cocaïne colombienne. Dans un autre dossier, conduit cette fois par les policiers de l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants, trois hommes ont été placés en garde à vue ces dernières 48 heures et 20 kg de cocaïne ont été saisis à Paris.
Stéphane Joahny – Le Journal du Dimanche
Dimanche 28 Novembre 2010