BHL défend son engagement, de l’Ukraine à la Libye

Pourquoi un intellectuel français juif, défenseur ardent d’Israël, s’est-il rendu en Ukraine défendre une révolution soutenue également par des antisémites notoires? Pourquoi ce même intellectuel s’est engagé en Libye contre un tyran honni des jihadistes? Le philosophe Bernard-Henri Lévy, figure de l’intellectuel engagé, qui fascine autant qu’il agace, répond à ces questions dans son livre le plus personnel à ce jour, "L’esprit du judaïsme", publié mercredi chez Grasset.

"Je suis allé à Ninive", raconte BHL, 67 ans, fin lecteur de l’Ancien Testament. Dans le Livre sacré, l’antique ville de Ninive (sur la place actuelle de Mossoul) est une ville corrompue. Le prophète Jonas est chargé d’annoncer à ses habitants sa destruction. Mais les habitants se repentent. Leur ville est sauvée. Le Dieu d’Israël est le Dieu de tous les hommes.

Livres de poche
Cette histoire, Bernard-Henri Lévy l’a lue et relue. Dans ses multiples périples, il a toujours eu des livres dans ses poches. "Kaputt" de l’Italien Malaparte, des poèmes d’Apollinaire voire, se souvient-il, les "Ecrits militaires" de Trotsky. Mais, le seul qui ne l’ait jamais quitté est "Le livre de Jonas".

Philosophe engagé
"J’ai passé une part non négligeable de ma vie à agir, oeuvrer, dépenser une énergie considérable en faveur de peuples qui n’étaient pas les miens, dont le sort aurait pu m’être beaucoup plus indifférent et qui étaient parfois, en puissance ou en acte, les ennemis de qui je suis", écrit le philosophe engagé.

Ukraine
BHL était en Ukraine pendant la révolution de février 2014. "Je savais avant de poser le pied en Ukraine que j’allais au-devant d’un des théâtres où le nazisme a joué quelque-unes de ses scènes les plus criminelles", écrit-il. Il raconte son malaise en découvrant que les massacres de la "Shoah par balles" sont passés sous silence. Pas question cependant de renier son engagement aux côtés des Ukrainiens. Le philosophe tord le cou à quelques idées reçues.

Extrême droite
Le poids de l’extrême droite ukrainienne? "Toutes les élections postérieures à la révolution ont vu les partis d’extrême droite plafonner à des scores faibles, presque dérisoires, dix fois moins élevés que leurs homologues français du FN", fait-il ainsi remarquer.

Libye
Quant à la Libye, soutient l’auteur de "La barbarie à visage humain", une non-intervention était "impensable". "L’intervention était juste ne serait-ce que parce qu’elle a évité à la Libye un destin syrien", dit BHL en énumérant les maux de la Syrie: la fuite de tout un peuple, une prise de pouvoir de larges territoires par Daech… Toute réflexion faite, BHL ne relève "pas l’ombre d’un regret" dans son engagement même si la situation dans ce pays reste chaotique, plus de quatre ans après le renversement de Mouammar Kadhafi.

Français, humaniste, juif
Il explique avoir agi "en tant que Français" parce que "j’étais fier de contribuer à ce que mon pays soit à la pointe" du combat contre la tyrannie. Il évoque aussi son "indéfectible croyance en l’universalité des droits de l’Homme" et à son "inflexible fidélité à son nom juif". "Rien de ce que j’ai fait, je ne l’aurais fait si je n’avais pas été juif", souligne BHL.

Antisémitisme

Le livre de 448 pages revient aussi sur la montée de l’antisémitisme en France qui "avance le plus souvent désormais sous le masque de l’antisionisme". BHL refuse cependant de comparer la situation actuelle à celle des années 1930. "Je ne pense ni que la France soit à le veille d’une nouvelle nuit de cristal, ni que l’heure soit venue, pour les Juives et Juifs de France, de faire leurs bagages et de partir".

BHL se dévoile

Comme dans aucun autre de ses livres Bernard Henri-Lévy se dévoile. Il se raconte, à 19 ans, au moment de la Guerre des six jours, où le "Juif déjudaïsé" qu’il est alors se met à trembler pour Israël, "un pays qui ne lui était rien". On croise la figure de son père, on s’attarde avec certains de ses amis comme Romain Gary dont BHL rapporte cette phrase au moment de la sortie du "Testament de Dieu": "Il y en a qui te reprocheront de voir des antisémites partout. Si j’avais un reproche à te faire, ce serait de ne pas en voir assez".

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