Après l’immense hommage populaire, l’ultime adieu à Jacques Chirac

Deuil national, messe à Saint-Sulpice et inhumation dans la stricte intimité: la France fait ses adieux lundi à Jacques Chirac auquel des milliers de personnes ont rendu hommage aux Invalides jusque tard dans la nuit.

L’ancien président de la République, qui s’est éteint "très paisiblement" jeudi à l’âge de 86 ans, sera inhumé dans l’après-midi dans un cadre strictement privé au cimetière du Montparnasse. Selon le souhait de son épouse Bernadette, il reposera dans le caveau de leur fille aînée Laurence, décédée en 2016 et dont le destin tragique a été le drame de sa vie.

Avant ce moment réservé à la famille et aux très proches, un dernier hommage en grande pompe sera rendu à ce monstre sacré de la politique: maire de Paris, plusieurs fois ministre et Premier ministre puis deux fois élu président de la République (1995 à 2007). Omniprésent pendant plus de quatre décennies, mais très affaibli ces dernières années.

Dimanche, une foule impressionnante – 7.000 personnes selon l’Elysée – a défilé, malgré la pluie, jusque tard devant le cercueil, placé à l’entrée de la cathédrale Saint-Louis, recouvert de bleu, blanc, rouge. Lundi, avant même que le soleil ne se lève, le Premier ministre Edouard Philippe s’est rendu à son tour aux Invalides, en toute discrétion.

"C’est un moment très fort", "bouleversant", et "de là où il est, je pense qu’il doit être extrêmement ému et heureux", a déclaré dimanche Claude Chirac. Venue à la nuit tombée aux Invalides "dire merci" à toutes les personnes qui s’étaient déplacées, la fille cadette des Chirac est restée plus de deux heures sur place, pour échanger longuement et serrer des mains, comme son père autrefois.

Bernadette "très très réconfortée"

Dans le calme et le recueillement, la file d’attente s’est étendue pendant toute la journée sur des centaines et des centaines de mètres pour arriver devant le cercueil de celui qui est devenu de plus en plus populaire au fil du temps qui passe et de son éloignement du pouvoir.

"Ma mère est très très réconfortée en ayant vu ces images cet après-midi" à la télévision, a ajouté Claude Chirac au sujet de Bernadette, elle-même très "fragilisée" et qui n’est pas apparue publiquement depuis le décès de son époux jeudi à leur domicile parisien, rue de Tournon.

"On ne reçoit que si on donne. Aujourd’hui, sa mémoire, sa famille reçoit tout ce que Jacques Chirac a donné", a commenté lundi sur France 2 Jean-Pierre Raffarin qui fut son Premier ministre.

Une journée de deuil national a été décrétée lundi, pour la huitième fois seulement depuis le début de la Ve République en 1958, comme après les décès de Charles de Gaulle en 1970, Georges Pompidou en 1974 et François Mitterrand en 1996. Les drapeaux seront en berne sur les édifices publics et les Français appelés à observer des minutes de silence à 15h00, notamment dans les salles de classe.

La journée commence là où elle s’est terminée la veille, aux Invalides, pour une cérémonie familiale privée à 09h30, célébrée notamment par le Mgr Jean-Yves Riocreux, évêque de Basse-Terre (Guadeloupe), ami du couple Chirac. Elle sera suivie d’honneurs funèbres militaires, dans la cour des Invalides, en présence d’Emmanuel Macron.

A 11h00, le convoi funéraire, encadré par une grande escorte, rejoindra ensuite l’église Saint-Sulpice où un service solennel est célébré à midi par Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, en présence d’Emmanuel Macron.

Située à proximité du dernier domicile de Jacques Chirac, l’église Saint-Sulpice est le deuxième plus grand édifice religieux de la capitale après Notre-Dame, lieu traditionnel des grandes commémorations mais toujours fermée au public après l’incendie qui a ravagé la cathédrale le 15 avril dernier.

80 personnalités étrangères

L’assistance sera à la mesure de l’afflux de messages parvenus du monde entier depuis jeudi: environ 80 personnalités étrangères, chefs d’Etat et de gouvernement, anciens dirigeants et membres de famille royales, ont annoncé leur venue.

Les présences du président Vladimir Poutine, qui en juin avait qualifié M. Chirac de dirigeant l’ayant "le plus impressionné" dans sa carrière, du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, des présidents italien Sergio Mattarella et congolais Denis Sassou Nguesso ainsi que celle des Premiers ministres libanais Saad Hariri et hongrois Viktor Orban avaient déjà été annoncées samedi. L’Elysée a également annoncé celles de l’ex-président des Etats-Unis, Bill Clinton (1993-2001), du roi Abdallah de Jordanie et de l’émir du Qatar, Tamim Bin Hamad Al-Thani.

Ils retrouveront les anciens présidents français François Hollande, Nicolas Sarkozy et Valéry Giscard d’Estaing, ainsi qu’une grande partie de la classe politique nationale. La présidente du Rassemblement national Marine Le Pen a renoncé à s’y rendre, après les réserves de la famille Chirac sur sa présence. "Un point sur lequel Jacques Chirac a toujours été intransigeant c’est la barrière qu’il a posée avec l’idéologie de l’extrême droite", a rappelé son fidèle lieutenant Alain Juppé lundi sur Europe 1.

Refusant de son vivant tout compromis avec l’extrême droite, célébré pour son non à la guerre en Irak, Jacques Chirac est désormais considéré par les Français comme le meilleur président de la Ve République, à égalité avec Charles de Gaulle, selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche.

Au Japon, pays dont M. Chirac appréciait tant la culture, le XV de France portera un brassard noir en son hommage lors de son match de Coupe du monde contre les Etats-Unis mercredi à Fukuoka.

Un hommage particulier sera également rendu à l’ex-président le week-end des 5 et 6 octobre en Corrèze, sa terre d’élection.

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