Algérie: une chaîne privée cesse d’émettre au lendemain d’une perquisition de ses locaux
La chaine privée »Al-Atlas TV » a cessé d’émettre mercredi au lendemain d’une perquisition effectuée dans ses locaux à Alger.
Le directeur de l’information de la chaîne, Ghoul Hafnaoui, a fait savoir que le signal satellite a été "coupé par Nile Sat à la demande des autorités algériennes".
Réagissant à cette perquisition effectuée sur ordre du parquet, le Syndicat national des journalistes (SNJ) a exprimé "son étonnement devant cette manière d’agir contre un média" qu’il a dénoncée "avec la plus grande énergie".
Le SNJ souligne qu’il s’agit là "d’une nouvelle atteinte à la liberté d’expression et de presse, en même temps qu’une forme d’intimidation pour le moins inacceptable, et ce, quel que puisse être le motif".
Pour sa part, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) a dénoncé, dans un communiqué, des atteintes à la liberté d’expression, considérant que seul un organe de régulation tel que prévu par la loi sur l’audiovisuel est légalement habilité à examiner les éventuels manquements aux règles édictées par ladite loi.
Reporters sans frontières (RSF) a également dénoncé cette perquisition "arbitraire" qui constitue une atteinte grave à la liberté de l’information.
"Nous condamnons fermement cette perquisition et la mise sous scellés des studios d’Al-Atlas TV sans motif valide. De telles mesures arbitraires constituent une atteinte grave à la liberté de l’information ainsi qu’un précédent inquiétant", a indiqué l’organisation dans un communiqué.
RSF exhorte "les autorités à restituer à la chaîne l’intégralité du matériel saisi et à lever la mise sous scellés des studios", relevant que "toute procédure judiciaire éventuelle doit être abandonnée".
"Il est capital que les autorités favorisent et garantissent une couverture médiatique équitable et pluraliste de la campagne électorale actuellement en cours", indique la même source.
La chaîne Al-Atlas TV s’est distinguée, ces derniers temps, par la couverture non-stop des manifestations organisées par le mouvement "Barakat" (ça suffit) contre la candidature du président sortant Abdelaziz Bouteflika à un quatrième mandat, lors du scrutin du 17 avril prochain.
Elle diffusait en boucle des images sur les interpellations musclées des militants du mouvement ou de simples participants à ces rassemblements, ainsi que des déclarations d’activistes et de citoyens opposés ou favorables à la réélection du chef de l’Etat, au pouvoir depuis 1999.