"Présenté en comparution directe", le défenseur des droits humains et enseignant universitaire a été condamné pour "outrage et violence contre des fonctionnaires et institutions de l’Etat et exposition au regard du public de documents de nature à nuire à l’intérêt national", selon l’agence officielle APS.
"Ils mettent les chefs d’inculpation qu’ils veulent, c’est politique", a réagi auprès de l’AFP Said Salhi, vice-président de la LADDH.
M. Chouicha est condamné "en cette journée mondiale des droits humains, pour avoir manifesté sa solidarité avec les détenus d’opinion et pour avoir exercé son mandat de défenseur des droits humains", a ajouté M. Salhi
"Cette détention au côté d’autres manifestants pacifiques augure une autre escalade contre les défenseurs des droits de l’Homme et militant-e-s de la société civile", a ajouté M. Salhi.
La LADDH rappelle le gouvernement au respect de ses engagements internationaux sur la protection des droits humains et des défenseurs des droits et réitère son appel à la libération de l’ensemble des détenus d’opinion et politiques.
Selon les témoignages recueillis par l’AFP, M. Chouicha a été convoqué pour récupérer son téléphone, confisqué il y a un mois lors de son interpellation après avoir manifesté devant le tribunal où étaient jugés des militants du Hirak, le mouvement de contestation populaire contre le régime né en février.
En arrivant au poste de police mardi matin, il a été traduit devant le procureur puis le juge d’instruction pour être jugé juste après.
L’APS précise que les faits reprochés ont eu lieu lors du meeting du candidat à la présidentielle Abdelaziz Belaid, lorsqu’une quinzaine de personnes, dont Kaddour Chouicha, avaient été interpellées pour actes de perturbation, avant d’être relâchées dans la soirée.
Les Algériens sont appelés à voter jeudi pour élire un successeur au président Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission en avril par la contestation. Mais cette élection est rejetée par le "Hirak", qui réclame le démantèlement du "système" politique au pouvoir.
Selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), qui recense et soutient les personnes incarcérées en lien avec le "Hirak", plus de 140 personnes sont actuellement incarcérées – en détention provisoire ou condamnées – pour des faits liés à la contestation.