Trois jeunes prisonniers d’opinion algériens en grève de la faim pour réclamer leur jugement ont été transférés mardi dans un hôpital d’Alger, à la suite de la dégradation de leur état de santé, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).
Mohamed Tadjadit (26 ans), Noureddine Khimoud (25 ans) et Abdelhak Ben Rahmani (38 ans), qui étaient détenus à la prison algéroise d’El Harrach, ont commencé une grève de la faim il y a dix jours afin de protester contre la prolongation de leur détention provisoire.
Ils ont été transférés mardi dans un hôpital de la capitale, a indiqué le CNLD, une association qui vient en aide aux prisonniers d’opinion en Algérie, sur sa page Facebook.
Poursuivis dans la même affaire, les trois hommes — militants du mouvement de protestation populaire Hirak — ont été conduits à l’hôpital Mustapha Pacha d’Alger, a précisé à l’AFP un de leurs avocats, Me Meriem Kacimi.
« Ils sont fatigués mais ils sont maintenant sous surveillance. Les médecins attendent les résultats de leurs analyses », a-t-elle expliquer
Mohamed Tadjadit et Noureddine Khimoud sont en détention depuis la fin août. Ils ont été interpellés au lendemain de leur participation à un rassemblement antirégime organisé à la Casbah d’Alger.
Mohamed Tadjadit, surnommé le « poète du Hirak » pour ses vers déclamés lors des manifestations ou partagés sur Facebook, est une figure connue du mouvement né en février 2019.
Condamné fin 2019 pour « atteinte à l’intérêt national », il avait purgé une courte peine de prison avant de bénéficier le 2 janvier 2020 d’une remise en liberté provisoire, en même temps que 75 autres détenus.
Abdelhak Ben Rahmani a lui été arrêté début octobre.
Leur demande de remise en liberté provisoire a été rejetée en novembre.
Dix accusations pèsent sur eux, dont atteinte à l’unité nationale, incitation à attroupement non armé, offense au président de la République ou encore diffusion de fausses nouvelles, selon le CNLD.
Elles sont notamment basées sur leurs messages et vidéos relayés sur les réseaux sociaux.
Plus de 90 personnes sont actuellement emprisonnées en Algérie en lien avec les protestations du Hirak et/ou les libertés individuelles. Des poursuites fondées dans au moins 90% des cas sur des publications sur les réseaux sociaux critiques envers les autorités, selon le CNLD.
Les avocats et comités de défense des détenus d’opinion dénoncent des mandats de dépôt injustifiés au regard des accusations.
Selon le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, « il n’existe pas de prisonniers d’opinion en Algérie ».