Dès la fin de la prière du vendredi, des milliers de militants, d’activistes ou de simples sympathisants du Hirak se sont regroupés au niveau des artères les plus stratégiques d’Alger en entonnant le slogan « Etat civil et non militaire ».
Pour cette nouvelle journée de mobilisation, les citoyens ont réitéré leurs revendications populaires et leur appel pour faire barrage aux tentatives de division.
Ils ont scandé d’autres slogans du Hirak et brandi des pancartes sur lesquelles on peut lire « non à la torture », « non à la criminalisation », « oui à l’indépendance de la Justice », « C’est le Peuple qui décide ! » et « la Rue appartient au Peuple ».
Les manifestants dénoncent également les répressions commises contre les activistes du Hirak, ainsi que les tentatives de division en scandant « il n’y a ni islamiste ni laïc, il y a une bande qui vole au grand jour », « A bas le régime » et « les généraux à la poubelle ».
Ces manifestations, qui appellent à la « vigilance face aux tentatives de manipulation », ont été éclatées aussi dans d’autres villes algériennes telles Bouira, Constantine et Oran.
Elles interviennent quelques jours après les menaces proférées par les autorités algériennes qui ont mis en garde contre tout risque de « dérapage » et les « activités non innocentes » qui « tentent d’entraver le processus démocratique ».
Les autorités algériennes, qui oscillent en permanence entre louanges pour le « Hirak béni » et menaces à peine voilées, ont procédé samedi dernier à l’arrestation 24 manifestants pour « atteinte à l’unité nationale ».
Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), d’autres militants arrêtés dimanche et lundi dans le cadre d’une vague féroce d’interpellations et de mises sous mandats de manifestants qui reprend après une accalmie de quelques semaines.
D’après ce comité, qui suit la situation des détenus d’opinion, les prévenus sont accusés « d’attroupement non armé et incitation à attroupement non armé ».
Ces détentions interviennent parallèlement à des condamnations à des peines de prison ferme prononcées par les tribunaux à l’encontre de hirakistes et dans la foulée de l’arrestation musclée du « poète de la révolution » Mohamed Tadjadit ainsi que de Malik Riahi dans un appartement à Aïn Benian à Alger après perquisition de la police.
Ces deux activistes ont été derrière la diffusion de la vidéo du mineur Saïd Chetouane qui avait dit avoir été torturé par la police dans un commissariat à Alger. Cette vidéo, devenue virale, a suscité une vague d’indignation en Algérie et à l’étranger.
Mercredi, l’ONG de défense des droits humains, Amnesty International, qui a dressé un tableau noir de la situation des droits humains en Algérie en 2020, a souligné que toutes les personnes détenues simplement pour avoir exprimé leurs opinions pacifiquement doivent être libérées immédiatement et sans condition.
Elle a déploré le fait que des dizaines de détenus d’opinion continuent de croupir en prison pour avoir exprimé leur opinion, notamment sur les réseaux sociaux.
« Du 19 au 25 février 2021, 59 personnes arrêtées arbitrairement pour avoir exprimé leurs opinions ou manifesté pacifiquement ont été libérées. D’autres sont encore en détention uniquement pour avoir participé au Hirak ou pour des publications sur les réseaux sociaux critiquant les autorités », a regretté l’organisation dans son dernier rapport sur la situation des droits humains dans le monde en 2020/21.