Khaled Nezzar est né le 27 décembre 1937. Il a occupé divers postes à responsabilités dans l’armée. Chef des armées terrestres en 1986, il a été promu chef d’état-major puis Ministre de la Défense en 1990. A ce poste, il est devenu l’homme de toutes les décisions au sein du pouvoir. De 1992 à 1994, il a été l’un des cinq membres du Haut Comité d’Etat (HCE), junte militaire de cinq membres remplaçant le président élu. M. Nezzar a été considéré comme l’un des hommes les plus puissants du régime au début des années 1990, alors que la «sale guerre» faisait rage.
De nombreuses organisations de défense des droits humains lui reprochent d’avoir ordonné, autorisé et incité des militaires et des agents de la fonction publique à exercer des actes de torture, à commettre des meurtres, des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées et autres actes constitutifs de graves violations du droit international humanitaire.
Le droit suisse autorise la poursuite des violations du droit international humanitaire, notamment les violations des Conventions de Genève et de ses Protocoles additionnels, dès lors que le suspect se trouve sur le territoire suisse. Par le passé, un ressortissant rwandais avait été condamné en Suisse à 14 ans de prison pour sa participation au génocide commis dans ce pays en 1994.
L’organisation TRIAL, spécialisée dans la lutte contre l’impunité des auteurs de violations graves des droits humains, s’est félicitée de l’arrestation et de la poursuite de M. Nezzar pour crimes de guerre. Selon son directeur, Philip Grant, «le souffle du printemps arabe a atteint la Suisse. L’exigence de justice élémentaire, qui n’a pas encore trouvé son expression en Algérie, doit maintenant se réaliser en Suisse». L’organisation regrette toutefois que l’intéressé n’a pas été placé en détention préventive, le risque de fuite paraissant trop élevé. «Il n’a pas été porté suffisamment compte de l’énorme souffrance de milliers de victimes algériennes de l’appareil répressif dirigé par M. Nezzar», a ajouté M. Grant.
La procédure pénale se poursuivra néanmoins.