Alain Juppé plaide pour un renforcement des sanctions à l’égard du régime syrien

Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a plaidé mardi pour un renforcement des sanctions à l’égard du régime syrien, jugeant qu’elles sont efficaces au vu, selon lui, d’une réduction de moitié des réserves financières de Damas depuis leur entrée en vigueur.

"Nous devons maintenir la pression sur le régime syrien. Cela passe par le renforcement des sanctions, qui ont un impact sur les autorités syriennes", a-t-il dit à Paris à l’ouverture d’une session de travail sur les sanctions, coprésidée par le Maroc et qui a réuni une cinquantaine de pays représentés par des fonctionnaires.

Le Maroc est représenté par Ahmed Tazi, directeur du Machrek, du Golfe et des Organisations arabes et islamiques du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération.

"Les sanctions sont un instrument efficace pour priver le régime syrien des ressources qu’il utilise pour financer les milices – les funestes escadrons de la mort des chabbiha – et se fournir en armes", a insisté Alain Juppé.

Avec des gels d’avoirs et des restrictions de visas, elles constituent "un message politique fort", a-t-il aussi estimé.

"Les mesures visant le secteur bancaire et financier, notamment le gel des avoirs de la Banque centrale syrienne, ont asséché la rente pétrolière et privé l’Etat syrien de précieuses ressources", a aussi précisé le ministre. "Nous savons que les autorités syriennes, dont les réserves financières ont, selon nos informations, été réduites de moitié, continuent à chercher activement des voies alternatives pour parer à ces sanctions", a ajouté Alain Juppé.

Le ministre n’a pas donné de chiffre ni étayé ses affirmations.

Selon un responsable français s’exprimant sous anonymat, l’arrêt de l’achat par l’Union européenne de 90% de la production pétrolière syrienne a entraîné une baisse de 30% de cette dernière. Cela représente une perte mensuelle pour la Syrie de 400 millions de dollars par mois, deux milliards depuis novembre, a-t-il indiqué.

La réunion de mardi, sans précédent selon le ministère français des Affaires étrangères, vise à un partage d’informations afin de rendre les sanctions actuelles plus efficaces, aider les pays qui ont du mal à les appliquer, et atténuer leurs conséquences pour ceux qui commerçaient beaucoup avec la Syrie, a ajouté ce responsable.

"Certains pays affichent sans ambiguité leur soutien au régime syrien, d’autres lui offrent des marchés de substitution de manière plus ou moins directe", a relevé Alain Juppé, sans citer de pays.

La Turquie et plusieurs pays arabes devaient être incités lors de la réunion à "appliquer davantage les sanctions qu’ils ont adoptées", selon le responsable français. Aucune recommandation pour des mesures nouvelles n’est à attendre de la rencontre, qui a pour objectifs d’afficher la mobilisation d’une grande partie de la communauté internationale et d’envoyer un signal de plus à Damas, selon la même source.

Depuis le début de la révolte il y a plus d’un an, plusieurs pays ou entités ont adopté des sanctions individuelles ou économiques, dites "autonomes", à l’égard du régime syrien. Faute d’un accord russe et chinois, aucune mesure n’a été prise par l’ONU. Les sanctions en vigueur aujourd’hui ont été décidées par l’Union européenne, les Etats-Unis, la Suisse, le Canada, la Ligue arabe et la Turquie.

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