Le président algérien Abdelmajid Tebboune a ordonné mercredi le rappel « pour consultations » de son ambassadeur en France, à la suite de « l’exfiltration » lundi soir vers la France de la militante du mouvement populaire Hirak et journaliste Amira Bouraoui via la Tunisie, a annoncé la présidence algérienne dans un communiqué.
Indiquant que l’Algérie a, via une note officielle, « protesté fermement contre l’exfiltration clandestine et illégale d’une ressortissante algérienne » vers la France, « le président Abdelmadjid Tebboune a ordonné le rappel en consultations de l’ambassadeur d’Algérie en France, Saïd Moussi, avec effet immédiat », a précisé la présidence.
Certains médias algériens considèrent l’exfiltration de Mme Bouraoui par Paris comme un acte hostile contre l’Algérie et estiment que la visite du président algérien en France, prévue au mois de mai, serait compromise.
La franco-algérienne Amira Bouraoui, arrêtée en Tunisie et qui risquait d’être expulsée vers l’Algérie, a été exfiltrée vers la France par les autorités françaises. « Je suis content » qu’elle puisse fuir « une persécution », a déclaré son avocat François Zimeray.
Amira Bouraoui faisait l’objet d’une interdiction de sortie du territoire en Algérie. Entrée en Tunisie, elle avait été interpellée alors qu’elle tentait d’embarquer en direction de Paris.
« Ma cliente a fait l’objet d’une tentative d’enlèvement et de séquestration de la part de certaines autorités dépositaires de la force publique en Tunisie, à la demande des autorités algériennes », avait précédemment dénoncé Me Zimeray, ancien ambassadeur de France au Danemark.
« J’ai fait savoir cet après-midi que je n’hésiterais pas à déposer une plainte au parquet de Paris pour enlèvement-séquestration si elle n’était pas immédiatement libérée », avait-il menacé.
Selon une responsable du bureau de l’ONG Human Rights Watch à Tunis qui a été saisi de l’affaire, il ne fallait « en aucun cas » renvoyer Amira Bouraoui « vers un pays où elle a été emprisonnée et fait l’objet d’une série de poursuites pour son militantisme pacifique et ses opinions ».
Amira Bouraoui avait été emprisonnée courant 2020 pour plusieurs chefs d’inculpation. Elle a été libérée en juillet 2020.