L’hebdomadaire a présenté ses excuses à ses lecteurs auxquels il promet d’enquêter sur cette "manipulation". "Nous avons été victimes d’un coup monté par ce que l’on appelle un +fixeur+. Un +fixeur+ est une personne qui permet aux journalistes de récupérer des témoignages dans les cités.
Celui-ci voulait visiblement régler ses comptes avec les médias", déclare le magazine. Il explique que le journaliste piégé, "averti et spécialiste des banlieues", selon Franz-Olivier Giesbert, patron du Point, voulait entrer en contact "avec des femmes de maris polygames".
Il a multiplié les pistes afin de récupérer des témoignages, en vain, et a fini par entrer en contact avec le "fixeur", Abdel, un "contact recommandé par une personne faisant autorité", se justifie Le Point. Mais au lieu de proposer une rencontre en tête à tête entre le journaliste et une femme témoin, Abdel propose une interview téléphonique que le journalsite s’empresse d’accepter.
Abdel s’est alors fait passer pour la femme polygame, présentée dans l’article du Point comme "Bintou, 32 ans", en perchant haut sa voix et en empruntant un accent.
Bintou est présentée dans l’article comme "la plus jeune des épouses" d’un Malien, vivant à la "cité des Bosquets, à Montfermeil" et vivant "bâtiment 5" dans "un F4". Une vidéo de lui-même, qu’Abdel a pris soin de tourner pendant l’interview téléphonique, est visible sur le site d’arrêt sur image.
Le fixeur, âgé de 23 ans, qui vit à Clichy-sous-Bois, dit à l’AFP avoir lui-même alerté les autres médias pour révéler son "coup de justicier médiatique".
Il explique "avoir voulu tester le journaliste", pour "si ça marchait, dénoncer des journalistes qui stigmatisent les jeunes de banlieue, présentés comme de la racaille, des gens qui échouent et sont des extrémistes, ce qui est faux".
Il a affirmé que le Point lui a versé "200 euros en liquide" le lendemain de l’interview, réalisée vendredi 24 septembre, ce que dément l’hebdomadaire. Il assure aussi n’avoir jamais rencontré le journaliste. "On s’est fait piéger", a reconnu M. Giesbert. "C’est vraiment de la manipulation très bien montée", a-t-il ajouté.
Abdel dit avoir voulu donner une bonne leçon aux médias pour leur mauvaise couverture de la situation des banlieues. « Dans mon entourage, nous sommes plusieurs à être outrés de la façon dont on parle de Clichy-sous-Bois dans les médias. On n’entend que les histoires de voitures volées, et que l’on soit en Bretagne, dans le sud de la France ou n’importe où ailleurs, quand on pense à Clichy, on pense à la violence. Les médias nous ont mis une étiquette sur le dos », a déclaré Abdel.