Gouvernement italien: Une histoire d’amour et de haine
Je t’aime moi non plus. Ce sentiment mitigé, où amour et haine vont de pair, prévaut plus que jamais au sein du gouvernement aux commandes en Italie.
Quoique quelque peu précaire, le maintien du statu quo, Silvio Berlusconi, le doit certainement à l’histoire d’amour de 17 ans qui l’avait lié à son frère-ennemi Gianfranco Fini, président de la chambre des députés, avec qui il avait créée en 2009 le parti du peuple de la liberté (PDL), la principale formation au gouvernement.
En dépit de la rupture consommée, fin juillet, entre les deux hommes, en conflit quasi-permanent sur plusieurs aspects de la gestion des affaires de l’Etat, Fini et les 34 députés qui l’ont suivi pour créer le groupe parlementaire «Futur et Liberté» (FLI) qui, dit-on, pourrait constituer les prémices d’un nouveau parti politique, n’ont pas lâché leur ami d’hier.
C’est, en effet, grâce à eux que finalement le gouvernement en place a pu surmonter l’épreuve du vote de confiance et contredire l’espoir nourri par l’opposition de gauche, particulièrement montée contre Berlusconi, et une partie du centre, de voir l’équipe gouvernementale s’effondrer. Mais le feraient-ils éternellement ? Cela n’est pas évident sachant que le FLI, tout en consentant le «oui » au programme exposé par le chef du gouvernement, a déjà revendiqué le droit de définir avec le PDL et son allié de la Ligue du Nord, le contenu des projets et législations à mener à bien jusqu’en 2013, date des prochaines élections législatives.
Le recours à la question de confiance, dont le gouvernement Berlusconi usait souvent pour faire passer des textes à polémique dont la discussion pouvait trainer en longueur, n’est donc plus d’actualité dans la conjoncture actuelle. Tout est maintenant question de calcul. Malgré les manœuvres opérées par le PDL pour acquérir à sa cause des députés centristes, le compte n’y est pas encore à l’évidence pour le gouvernement en place. Fini est, jusqu’à nouvel ordre, maître du jeu. On le dit ambitieux mais il est certainement aussi suffisamment calculateur pour ne pas laisser le pays basculer dans les bras d’un gauche désemparée et encore à la recherche de ses repères.
Berlusconi, le responsable politique, l’homme d’affaires, le magnat de la presse et l’homme tout court, ne manque cependant pas d’irriter. Il exaspère tout autant ses ennemis que ses amis, parmi lesquels Fini n’est pas des moindres. La raison en est, entre autres, sa gestion de certaines questions stratégiques (justice, immigration, fiscalité, fédéralisme…), sa «soumission» aux caprices de son allié, Umberto Bossi, président du parti anti-immigrés de la ligue du Nord, dont les positions outrageantes et écarts de langage ne sont plus à compter, mais également son implication dans des scandales relevant de sa vie Privée.
Dans un champ où les sentiments les plus contradictoires logent à la même enseigne, la survie politique de Berlusconi est donc tributaire de sa capacité à faire prévaloir l’amour sur la haine auprès de ses alliés d’aujourd’hui mais surtout d’hier auxquels il continue à avoir besoin. C’est là un passage obligé afin qu’il puisse poursuivre son programme qui porte sur une vaste réforme de la justice, une autre pour réduire la fiscalité, des clauses pour accélérer l’évolution vers le fédéralisme, un ambitieux plan d’aide au Mezzogiorno, le sud du pays, et des mesures pour renforcer la sécurité et lutter contre l’immigration clandestine.