«Il semble qu’il y ait une certaine prise de conscience des dangers que fait courir Aqmi au Sahel», se réjouit un Occidental à Bamako.
Pourtant, les militaires et diplomates occidentaux restent prudents. Souvent annoncée, la coopération régionale est toujours vacillante. Le quartier général de Tamanrasset regroupant les quatre armées, officiellement opérationnel depuis avril, est dans les faits loin de l’être. «Nous sommes tous d’accord pour lutter contre le terrorisme, mais nous devons nous entendre au millimètre près sur le comment», a reconnu l’un des responsables militaires. L’entente pourrait être complexe. Les quatre pays n’ont pas une approche commune du danger. «En fait, le Mali, la Mauritanie ou le Niger manquent de moyens. La clef du problème est entre les mains d’Alger, qui semble moins pressé d’agir», tranche un diplomate africain.
Chasse gardée algérienne
L’Algérie, puissance régionale, est la seule à disposer des forces militaires, du matériel et de l’expérience pour engager une offensive contre les groupes terroristes. L’armée dispose en outre de puissants relais dans tout le nord du Sahel. «Les Algériens n’ont pas attendu les enlèvements pour agir sur leur flanc sud», rappelle Kader Abderrahim, de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Ils ont servi d’intermédiaires au Mali lors du règlement du conflit touareg en 2006 et ont gardé des contacts avec ces groupes qui évoluent sur les mêmes terrains qu’Aqmi. Paris, qui entretient des relations tendues avec Alger, ne manque d’ailleurs jamais de souligner l’importance qu’il accorde à ce pays.
Malgré tout, l’Algérie tarde à jouer ce rôle prépondérant. La presse algérienne, comme les journaux maliens, est très critique à l’égard des pressions des pays occidentaux, accusés de ne voir que leurs intérêts.
Le versement de rançons pour la libération d’otages, qui renforce les terroristes, est un autre point d’achoppement, tout comme le déploiement de troupes françaises au Niger. «Alger ne veut pas voir de forces armées sur son territoire. Il y a un problème de souveraineté exacerbé qui fait qu’à un moment ça bloque», analyse Jean-François Daguzan, de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).
Mais la susceptibilité à l’égard de l’Europe n’est pas le seul frein. La mise en place d’une cellule de renseignements basée à Alger, se heurtera d’entrée à la volonté de certains d’élargir le cercle à d’autres pays : Maroc, Tchad et Libye. Or l’Algérie, en froid avec le Maroc, se refuse à l’intrusion de Muammar Kadhafi dans ce dossier.