Procès Moubarak : le juge se récuse

Le président du tribunal chargé du procès en appel de l’ancien président égyptien Hosni Moubarak a transmis samedi l’affaire à une autre juridiction, ouvrant la voie à une prolongation indéfinie des procédures.

Le juge Mustapha Hassan Abdallah a annoncé sa décision à l’ouverture de ce second procès organisé dans une école de police de la banlieue du Caire, où l’ex-raïs, âgé de 84 ans, avait été transféré un peu plus tôt par hélicoptère. Il a dit avoir remis l’affaire à la Cour d’appel du Caire en raison du "malaise" qu’elle lui inspire.

"Nous réclamons la peine la plus lourde possible pour Moubarak du fait des crimes odieux qu’il a commis contre les manifestants, mais nous sommes satisfaits que le juge ait décidé de se dessaisir parce que nous avions des craintes à son sujet depuis le verdict sur l’attaque à dos de dromadaires", a déclaré Mohamed Abdel Wahab, un avocat des victimes.

La condamnation d’Hosni Moubarak en première instance avait eu valeur de symbole: l’ancien président était le premier dirigeant balayé par le "printemps arabe" à être présent à son procès et à se retrouver derrière les barreaux.

La procédure avait déjà montré combien rendre la justice demeure compliqué dans un pays où les magistrats et les membres de forces de l’ordre nommés sous le règne de celui qui occupait le box des accusés sont encore en place.

Six hauts fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, dont deux comparaissaient pour des crimes moins graves, avaient été acquittés. Le parquet s’était plaint du manque de coopération du ministère qui avait rechigné à fournir des éléments de preuve à l’accusation.

Le tribunal avait jugé qu’Hosni Moubarak et Habib al Adli n’avaient pas su empêcher les exactions lors du soulèvement mais n’a pas sanctionné les deux dirigeants pour les avoir ordonnées.

Dans le cadre de son procès en appel, le ministère public devait s’appuyer sur des éléments rassemblés par une commission d’enquête mise en place l’an passé par le président Mohamed Morsi. Son refus de publier ce rapport établi en décembre lui a valu de nombreuses critiques.

Selon le quotidien britannique The Guardian, le chef de l’Etat issu des Frères musulmans a enterré depuis janvier le rapport de la commission qui recommandait l’ouverture de poursuites judiciaires contre les militaires responsables d’actes de torture, d’assassinats et de disparitions forcées pendant le soulèvement.

Pour Ahmed Tagab, avocat et membre de la commission d’enquête, la non publication du rapport constitue un échec "parce que cela retarde la reconnaissance par le gouvernement de crimes commis par les forces de sécurité contre les Egyptiens".

Selon lui, Morsi garde le rapport sous le coude parce que les forces de sécurité, qui n’ont globalement pas changé depuis l’époque Moubarak, commettent aujourd’hui "les mêmes crimes".

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