Le nouveau "Centre de conseil et de surveillance du prince Mohamed Ben Nayef", du nom du ministre de l’Intérieur, qui doit bientô t être inauguré à la périphérie de Ryad, abrite une piscine olympique et un sauna, ont constaté les journalistes lors d’une visite guidée.
Le royaume compte "un peu moins de 3.000 (prisonniers islamistes) qui, pour être libérés, doivent passer par l’un de ces centres", a déclaré à l’AFP le porte-parole du ministère de l’Intérieur, le général Mansour al-Turki, lors de la visite guidée.
"Pour lutter contre l’extrémisme, il faut redonner aux prévenus un équilibre intellectuel et psychologique (…) par le dialogue et la persuasion", explique le directeur de ces centres, Saïdi al-Bichi.
Le premier centre avait été créé en 2006 par le prince Mohamed, qui a dirigé la lutte contre Al-Qaïda, à la suite d’une vague d’attentats meurtriers menés par le réseau pendant quatre ans.
Un autre centre existe à Jeddah (ouest) et les autorités veulent en construire trois autres dans le nord, l’est et le sud du pays.
Selon M. Bichi, le programme a réhabilité 2.336 personnes au total.
"Le taux de ceux qui rejoignent de nouveau la minorité déviante (Al-Qaïda) ne dépasse guère les 10%", a dit M. Bichi, jugeant globalement "encourageants" les résultats du programme.
Mais une fois sortis des centres de réhabilitation, certains récidivent, à l’instar de Saïd al-Chehri, un ancien détenu de Guantanamo devenu le chef d’Al-Qaïda dans la Péninsule arabique, basé au Yémen et issu d’une fusion des branches saoudienne et yéménite.
Le nouveau centre de Ryad pourra accueillir, pour un cycle de réhabilitation de quelques mois, 228 islamistes.
Il comprend 12 unités résidentielles dotées de piscines semi-privatives et 11 suites où le pensionnaire ayant fait preuve de "bonne conduite" pourra recevoir pendant deux jours ses enfants et s’isoler avec son épouse, selon la direction.
Dans les espaces communs, une piscine couverte, une salle de billard, un gymnase équipé de matériel ultra-moderne, un sauna et une salle de télévision sont à la disposition des internés, auxquels sont dispensés des cours d’informatique et de langues.
Dans ce cadre de centre de loisirs, quelque 220 universitaires et théologiens spécialistes de la jurisprudence islamique se relayent dans quatre amphithéâtres pour donner aux pensionnaires une interprétation plus orthodoxe du jihad et leur expliquer qui a le droit d’appeler à la guerre sainte.
L’objectif est de les rendre moins vulnérables aux "idées déviantes" et de les convaincre de rompre avec l’extrémisme pour préparer leur retour à la vie civile et leur réinsertion dans la société, explique la direction.
Pour convaincre les détenus, pour la plupart âgés de 18 à 25 ans, de se repentir, le centre offre aussi des avantages matériels: la famille de chacun d’entre eux reçoit de l’argent, tout en se portant garante qu’il ne récidivera pas.
Encouragés par l’expérience, les responsables du programme envisagent de l’élargir "à ceux qui ne sont pas impliqués dans le terrorisme ou l’extrémisme religieux, pour en faire bénéficier des condamnés pour délits ou affaires de drogue".
Mais pour le sociologue libéral Khaled Al-Dakheel, "on ne peut pas savoir si ce programme réussira à éradiquer le terrorisme et l’extrémisme".
"Pour traiter le mal à la racine, il faut contrer la pensée jihadiste par des idées éclairées et non par une autre pensée salafiste moins extrémiste", estime-t-il.