Le journaliste Mohamed Sifaoui va engager des poursuites judiciaires en France contre de hauts responsables algériens pour corruption
Le journaliste franco-algérien Mohamed Sifaoui va engager dans les semaines à venir des poursuites judiciaires en France contre de hauts responsables algériens pour corruption qu’ « aucune réelle volonté politique ne semble vouloir endiguer ».
« En droit français, l’incrimination de la corruption, longuement limitée au cadre national, a été étendue aux agents publics étrangers par la loi du 30 juin 2000. Ce cadre légal permet donc d’engager des poursuites en France contre des responsables étrangers susceptibles d’être mêlés à des malversations financières », précise le journaliste, connu pour ses enquêtes sur les arcanes du régime algérien.
Mohammed Sifaoui, qui rappelle avoir mené plusieurs investigations journalistiques sur des « affaires de corruption, d’affairisme, de passe-droits, de mauvaise gouvernance et de clientélisme qui mettent directement en cause de hauts responsables algériens », a décidé « après mûre réflexion », qu’il fallait agir, non pas en tant que journaliste, mais en sa qualité de citoyen.
Pour cela, M. Sifaoui fait part de sa volonté de se consacrer « totalement à cette action » en mettant entre parenthèses ses activités journalistiques pour une période de six mois.
Le journaliste déclare avoir demandé à des avocats d’étudier, sur la base d’une documentation qu’il a collectée, le cadre juridique permettant d’engager, devant les tribunaux français, des poursuites contre les ministres ou anciens ministres Amara Benyounès, Amar Ghoul, Chakib Khellil, Chérif Rahmani ; un officier militaire, le Général Bachir Tartag et un responsable politique Amar Saadani, Secrétaire Général du Front de libération nationale (FLN) et ancien président de l’Assemblée algérienne.
« Ce n’est là qu’un début car je continue de travailler avec des journalistes, des acteurs de la société civile et des intellectuels qui souhaitent, pour l’instant, demeurer anonymes afin de compiler des documents qui serviront de preuves lors des différentes poursuites qui seront engagées. J’ai également sollicité un certain nombre d’organisations internationales, spécialisées dans les questions de corruption, afin que des actions soient menées conjointement », précise le journaliste.
« La première action qui sera entamée au cours des quelques semaines à venir visera le Secrétaire Général du FLN, M. Amar Saadani qui, avec des indemnités mensuelles de 300.000 Dinars (2800 euros) se permet d’acquérir plusieurs biens en France, de scolariser trois de ses filles dans une école privée à Londres et d’avoir, en somme, le niveau de vie d’un richissime homme d’affaires », fait savoir Mohamed Sifaoui.
« Tout ceci au moment où l’on demande au peuple algérien d’accepter une université sinistrée, des hôpitaux transformés en mouroirs et d’autres privations et humiliations », déplore-t-il.
« J’ai décidé de me consacrer à ce combat citoyen, car je fais le constat que l’écrit et la dénonciation publique ne semblent pas suffire ni avoir raison de ceux qui affichent mépris et arrogance envers le peuple algérien et l’opinion internationale », poursuit-il, ajoutant que « Seule l’action judiciaire internationale et des magistrats libres et indépendants seraient à même de permettre la mise en place de nouvelles traditions citoyennes qui, je l’espère, pourront contribuer à faire œuvre pédagogique en direction de ceux qui, en Algérie, confondent servir la collectivité et se servir des deniers publics ».
Mohamed Sifaoui appelle « solennellement tous les Algériens révulsés par la corruption quasi-généralisée qui gangrène l’Algérie de se joindre à cette action et à la soutenir ».
« À terme, l’objectif étant de créer un collectif qui devra assurer une vigilance contre la corruption et la délinquance financière qui détruit l’économie algérienne et hypothèque l’avenir de plusieurs générations », souligne-t-il.
Et de conclure : « Je demande à tous les Algériens et à tous les amis de l’Algérie épris de justice de me transmettre toutes les informations qu’ils seraient susceptibles de détenir sur des cas avérés de corruption ou de malversations mettant en cause des responsables politiques algériens qu’ils soient civils ou militaires ».