Comment concilier les attentes des touristes sans cannibaliser les ressources naturelles, loin du réseau de distribution d’eau et d’électricité ? Offrir le désert sans le détruire, c’est l’enjeu d’un hôtel « au naturel », tel que Terre des étoiles. Pierre-Yves Marais y a répondu par la création d’une oasis.
Il lui faut pour cela une dose d’engagement, un caractère autodidacte et une pincée d’utopie, qu’il espère faire entrer dans la réalité. Ce Français originaire de l’Ardèche, doté d’une formation en animation socioculturelle, a mis le pied au Maroc il y a 18 ans et y est resté. Le tourisme apparaît alors comme « la seule activité possible ». Il fonde l’agence de voyage Destination Évasion Maroc. De plus, il s’initie à l’arabe, de façon à pouvoir converser dans l’une des deux langues officielles.
En 2002, il lance un premier projet d’écolodge dans le sud du pays, à Zagora, avec son associé marocain Abdelkhalek Benalila. À Agafay, « l’idée était de créer un bivouac en se rapprochant de Marrakech, car les touristes préfèrent des séjours plus courts qu’auparavant », souligne-t-il.
L’eau est puisée dans une rivière souterraine et, selon Pierre-Yves Marais, « la consommation d’eau s’élève à 16 mètres cubes par jour au maximum ». Y compris pour les hôtes. La dizaine de bungalows luxueux qui se dressent dans la rocaille accueille environ 200 personnes par mois, tandis que Terre des étoiles emploie dix permanents. Quant aux eaux usées, elles sont drainées dans le sol.
Dans la même logique de cycle court, les déchets verts et de cuisine du site servent pour l’alimentation des animaux (chèvres, âne, poules, dromadaires) ou pour la production de compost. Les ouvriers du site récupèrent les bouteilles en plastique qu’ils revendent ensuite comme contenants. Quant au carton, son enfouissement dans le sol en favorise la dégradation.
« Ce qui ne va pas, je l’assume, affirme l’entrepreneur. Nous venons en 4×4 et nous utilisons un moteur au gasoil, qui fonctionne le matin et le soir. » Il envisage ainsi de recourir aux énergies renouvelables et espère même fédérer des experts pour créer un moteur à eau.