Parmi les 18 membres élus au Comité central, la plus haute instance du parti, deux hommes tirent leur épingle du jeu.
Marwane Barghouthi, un des principaux animateurs de la deuxième Intifada emprisonné depuis 2002 par Israël, a été réélu haut la main. Derrière lui, Jibril Rajoub, le très actif patron du sport palestinien venu des services de sécurité, a également été reconduit avec des centaines de voix parmi les quelque 1.300 votants.
Dès l’ouverture du Congrès mardi, M. Abbas qui dirige également l’Autorité palestinienne et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), reconnue internationalement comme unique représentante des Palestiniens, avait été réélu chef du Fatah lors d’un vote unanime à l’applaudimètre.
Elu en 2005 président de l’Autorité pour un mandat de quatre ans qui court toujours faute d’élections, et de plus en plus contesté, M. Abbas, 81 ans, cherche à préparer sa succession, assurent les observateurs.
Face à cette échéance, le Congrès du Fatah avait deux objectifs: écarter les opposants et renforcer l’emprise du parti dans les instances de l’Autorité.
Le nouveau Comité central –avec cinq nouveaux membres– ne comprend plus Mohammed Dahlane, élu en 2009 avant de devenir la bête noire de Mahmoud Abbas et de s’exiler.
– Abbas a "toujours le contrôle" –
Le neveu du leader défunt Yasser Arafat, Nasser al-Qudwa, reste au Comité central, tandis que Nabil Chaath, haut cadre du parti, en sort et que le ministre de l’Education Sabri Saidam y fait son entrée.
Quatre autres membres doivent encore être nommés par le président, à une date encore inconnue.
La réduction du collège des électeurs –un millier de personnes en moins par rapport à la dernière élection de 2009–, visait, assurent les experts, à réduire la possibilité pour les opposants à M. Abbas de peser sur ce vote.
Les électeurs ont également voté pour 80 membres du Conseil révolutionnaire, le "parlement" du parti, auxquels s’ajouteront 40 autres personnes qui doivent être prochainement nommées par la direction du Fatah.
A l’issue de ce Congrès, M. Abbas "a prouvé qu’il contrôle toujours à la fois le Fatah et l’Autorité palestinienne en termes financiers et organisationnels et qu’il peut les utiliser pour servir sa vision", affirme Wajih Abou Zarifa, professeur gazaoui de sciences politiques.
Ces élections sont déterminantes pour l’avenir des Palestiniens et du processus de paix avec Israël puisque le Fatah est la "colonne vertébrale" de l’OLP.
– "Plus question de réconciliation" –
Dès le deuxième jour du Congrès, celui qui a lui-même signé les accords d’Oslo avec Israël en 1993, a de nouveau défendu le "dialogue" et la "résistance pacifique" à l’occupation israélienne pour parvenir à un Etat de Palestine indépendant.
"Il n’est plus question de réconciliation interne au Fatah ou de réintégration des opposants et ces derniers n’ont plus qu’une possibilité, celle de former un nouveau mouvement", estime M. Abou Zarifa dans un article.
Un tel mouvement pourrait attirer les dissidents d’autres formations palestiniennes, "mais aussi beaucoup de jeunes qui ne se retrouvent pas dans les institutions partisanes et politiques", ajoute-t-il.
Vingt ans s’étaient écoulés entre le 5e et le 6e Congrès du Fatah. Ce 7e Congrès s’est tenu plus rapidement car la question de la succession de M. Abbas, bien que non évoquée officiellement, est présente dans tous les esprits.
Pour l’analyste palestinien Jamil Hilal, "plutôt que l’ensemble du peuple, c’est une petite élite politique au sein de la direction du Fatah qui décidera qui dirigera après Abbas". Et ce parce que "les institutions nationales légitimes ne fonctionnent pas" en raison de la division depuis que le mouvement islamiste Hamas a pris le pouvoir dans la bande de Gaza en 2007.
Source AFP