Les nombreux documents judiciaires consultés par L’Express brossent un portrait glaçant: celui d’un petit voyou "addict" au jeu et au cannabis, menant la belle vie, tandis qu’il rassemble minutieusement toutes les pièces d’une machine infernale pilotée de la Syrie par l’organisation Etat islamique (Daech), souligne l’hebdomdaire.
Au fil de l’enquête colossale menée par les justices belge et française, son nom apparaît à toutes les étapes: convoyage des djihadistes envoyés par Daech, brassage de milliers d’euros en espèces, achat des produits nécessaires à la fabrication des explosifs, réservations d’appartements, etc.
Durant les mois précédant les attentats, le jeune homme de Molenbeek, 26 ans, cheveux gominés et fringues à la mode, a savamment brouillé les pistes. Déjà connu de la police pour "détention de drogue", "coups et blessures volontaires" ou "vol qualifié", il est suspecté, à partir de février 2015, de s’être radicalisé et d’être "susceptible de partir en Syrie".
Salah Abdeslam est interrogé, comme son frère Brahim, au commissariat de Molenbeek. Finalement, la section antiterroriste estime que Salah ne présente aucun signe extérieur de radicalisation: il ne fait pas l’objet d’un signalement aux services spécialisés. Pourtant, sa petite amie, Yasmina, auditionnée par la police trois jours après les attentats, révélera que Salah lui avait confié, "un an auparavant", qu’il "voulait aller [en Syrie], en décembre 2014 environ". Mais, à ce moment-là, elle-même ne le prend pas au sérieux…
L’implication d’Abdeslam dans un projet d’attentat remonte à la première quinzaine du mois de janvier 2015. Il vient de renouer un contact téléphonique avec son copain Abaaoud. Ce dernier se trouve alors en Grèce, d’où il téléguide une cellule terroriste planquée à Verviers, dans l’est de la Belgique. Ce groupe est démantelé, mais Abaaoud a d’autres idées macabres en tête. Salah va en devenir la cheville ouvrière. Les choses concrètes commencent le 31 juillet suivant…voir