Tensions sur l’esplanade des Mosquées: Amman met en garde contre « une guerre de religion »
La Jordanie a dénoncé lundi la visite la veille de centaines de juifs « extrémistes » sur l’esplanade des Mosquées, lieu saint de l’islam et du judaïsme à Jérusalem dont Amman a la garde, affirmant qu’elle risquait de « déclencher une guerre de religion ».
Dimanche, environ 400 juifs ont pénétré sur l’esplanade des Mosquées, le troisième lieu saint de l’islam et le premier lieu du judaïsme, à l’occasion du jour de deuil de Tisha Beav qui commémore la destruction du Temple qui se dressait selon la tradition au même endroit par les Romains en 70.
A chaque fête juive, l’écrasante majorité des fidèles se rendent au Mur des lamentations, seul vestige de ce temple, en contrebas de l’esplanade.
Mais certains plaident, contre l’avis du Grand rabbinat, pour des visites sur l’esplanade même, un droit garanti aux juifs à condition qu’ils n’y prient pas.
Dans ces groupes, issus de la mouvance nationaliste religieuse de droite, certains appellent toutefois à prier sur l’esplanade, un droit réservé aux seuls musulmans en vertu de règles tacites en vigueur depuis des décennies pour éviter les tensions sur le site sacré au coeur du conflit israélo-palestinien.
Dimanche, dix visiteurs juifs ont ainsi été expulsés du lieu par la police israélienne pour avoir prononcé des prières ou accompli des gestes rituels.
Le roi Abdallah II de Jordanie a également dénoncé "les tentatives d’incursions permanentes des extrémistes" sur l’esplanade, assurant que son pays, le seul avec l’Egypte à avoir signé la paix avec Israël, assumerait "toutes ses responsabilités religieuses et historiques" vis-à-vis du lieu saint.
Dans un entretien au quotidien jordanien al-Destour, il promet encore d’"utiliser tous les moyens possibles pour défendre l’esplanade des Mosquées toute entière, car sa garde et son espace ne peuvent être partagés ou divisés".
Les Palestiniens accusent régulièrement Israël de chercher à créer des plages horaires séparées pour juifs et musulmans sur l’esplanade, modifiant ainsi un statu quo vieux de nombreuses décennies, ce que l’Etat hébreu dément.
(AFP)