L’Islande inflige à l’Angleterre une élimination infâmante
Plus qu’un coup de théâtre, c’est un coup de tonnerre qui vient de gronder au-dessus de cet Euro 2016. Ils nous annonçaient la promenade des Anglais à l’Allianz Riviera de Nice. À l’arrivée, c’est l’une des plus grandes sensations de l’Histoire du championnat d’Europe qui s’est jouée sur la bords de la Cote d’Azur avec la victoire de l’Islande (2-1) face à l’Angleterre en 8e de finale. Pour sa première participation à un Euro, le petit pays insulaire voit son aventure tourner à l’épopée fantastique. Avec désormais en point d’orgue, dimanche prochain, l’immense défi de faire tomber le pays organisateur.
Cette dernière a sorti l’Espagne, double championne en titre, lundi (2-0). Son duel titanesque contre l’Allemagne championne du monde aura lieu samedi, à la veille de France – Islande dimanche. Les deux autres quarts seront Pologne – Portugal jeudi et pays de Galles – Belgique vendredi.
Un double champion en titre qui sort dès les 8e, une génération dorée qui disparaît après avoir remporté l’Euro-2008 puis 2012 et le Mondial-2010… L’élimination de l’Espagne par l’Italie dans une revanche de la finale de 2012 avait tout pour être la grosse histoire de cette dernière journée des 8e.
Mais juste après, l’Islande, qui participe à son premier Euro, a stupéfait l’Europe et humilié l’Angleterre, dont le sélectionneur, Roy Hodgson, n’a eu d’autre choix que de démissionner sur le champ.
Car cette élimination est un fiasco d’anthologie. "La pire défaite de notre histoire", a même enragé l’ancien international Gary Lineker, qui a tweeté, dans une allusion au Brexit trois jours plus tôt: "On dirait qu’on veut sortir à tout prix de l’Europe de toutes les façons possibles".
L’Angleterre a pourtant rapidement ouvert le score sur un penalty transformé par Rooney (4). Mais l’Islande, pleine de coeur, a immédiatement répliqué par Ragnar Sigurdsson (6) puis doublé la mise par Sigthorsson (18), qui a profité d’une grosse faute de main du gardien Joe Hart.
Et c’est donc l’île volcanique perdue au milieu de l’Atlantique nord qui a renversé l’empire du foot.
D’un côté, une petite nation de 330.000 habitants, davantage connue pour ses geysers, ses paysages somptueux et ses génies pop-rock (Björk ou Sigur Ros) que pour ses footballeurs. De l’autre, un pays qui a inventé le sport-roi, qui participait pour la 9e fois à un Euro et dont le championnat est le plus suivi du monde.
A Reykjavik, une foule en liesse d’une dizaine de milliers de personne a exulté en suivant la rencontre sur écran géant. "Il n’y a pas de mots, que des larmes de joie", a tweeté le ministère des Affaires étrangères.
Avec le recul, la superstar portugaise Cristiano Ronaldo doit se dire qu’elle aurait mieux fait de se taire après le nul 1-1 contre les Islandais au premier match: "L’Islande n’a fait que défendre. Ils ont mis le bus devant les cages. C’est une petite mentalité. C’est pourquoi ils ne feront rien".
Face à une telle dynamique, la partie est loin d’être gagnée d’avance pour la France, le pays organisateur, qui a tremblé dimanche face à une autre équipe supposée largement inférieure, l’Eire.
"Ce sera un très gros match, mais peut-être celui de ce soir signifiait-il plus pour nous, car nous regardons du foot anglais depuis que nous sommes petits. Mais la France, nous prenons aussi!", a souri le co-sélectionneur Heimir Hallgrimsson.
Cette soirée était décidément à part pour l’Islande puisqu’elle a arraché cette qualification historique sous les yeux non pas d’un mais de deux présidents de la République: l’actuel, Olafur Ragnar Grimsson, et son successeur, Gudni Johannesson, tout juste élu samedi.
Ils ne sont pas les seuls présidents à avoir apprécié le match. Celui du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, a tweeté: "Royaume-Uni – Islande 1-2. L’hiver arrive", paraphrase d’une expression clé de la série culte "Game of Thrones". Avant de renvoyer une correction qui prend une résonance toute particulière dans le contexte post-Brexit: pas le Royaume-Uni, "l’Angleterre. Désolé ;)"
(Avec AFP)