"Le gouvernement est prêt à une confrontation sur ces questions de l’autonomie. Discuter est utile pour le pays, nous verrons à quelles conditions. Cela sera une discussion complexe, mais nous sommes prêts à la mener dans les limites des lois et de la Constitution", a déclaré M. Gentiloni lors d’un déplacement en Vénétie. "On discute de comment faire fonctionner mieux l’Italie, et non de l’Italie et de sa Constitution", a-t-il précisé.
"Nous n’avons pas besoin de nouvelles déchirures sociales, mais nous devons recoudre les déchirures que la crise a provoquées", a ajouté M. Gentiloni.
Les électeurs vénitiens et lombards ont voté dimanche à plus de 95% en faveur d’une plus grande autonomie de leur région, avec un taux de participation relativement important, surtout en Vénétie. Contrairement au référendum en Catalogne (Espagne), ces deux scrutins se sont déroulés dans un cadre légal.
Ces deux riches régions du nord, qui contribuent à hauteur de 30% du PIB italien et considèrent que Rome gaspille leurs impôts, doivent désormais négocier la nature et l’ampleur de leur autonomie, qui devra ensuite être validée par le Parlement.
Parallèlement à des compétences renforcées en matière d’infrastructures, de santé ou d’éducation, les deux régions entendent obtenir la restitution d’une grande partie de leur solde fiscal, alors que leurs habitants versent 70 milliards d’euros de plus par an en taxes et impôts qu’ils n’en reçoivent au titre des dépenses publiques.
Une "région à statut spécial"
Selon les médias italiens, le président de la Vénétie, Luca Zaia, issu de la Ligue du Nord (extrême droite) tout comme son homologue lombard, avait aussi annoncé dimanche soir qu’il comptait réclamer que la Vénétie devienne une "région à statut spécial". Mais mardi, alors que la polémique enflait, M. Zaia est revenu sur ces propos ou sur l’interprétation qui en avait été faite. "Quelqu’un a voulu donner d’autres contenus" au résultat du référendum, "le statut spécial n’entre en rien dans les négociations (avec Rome) et le résultat du référendum", a-t-il dit.
"Le statut spécial est quelque chose que la Vénétie réclame périodiquement" mais "le référendum a été fait pour l’autonomie": il s’agit de demander "23 compétences (…) et le fédéralisme fiscal", a-t-il précisé.
Accorder un statut spécial à la Vénétie nécessiterait une modification de l’article 116 de la Constitution, qui liste les régions à statut spécial -le Frioul-Vénétie julienne, la Sardaigne, la Sicile, le Trentin-Haut Adige et la Vallée d’Aoste.
Le sous-secrétaire aux Affaires régionales, Gianclaudio Bressa, avait estimé mardi que cette demande sur le statut spécial allait "contre l’unité et l’indivisibilité du pays". "C’est la Constitution qui indique la voie et elle prévoit une procédure particulière. La Cour constitutionnelle, justement en examinant une loi de la Vénétie qui a ensuite été à l’origine de la question posée lors du référendum, a dit clairement que les régions à statut spécial étaient les cinq actuelles", avait-il expliqué.
Le président de la Lombardie, Roberto Maroni, avait précisé qu’il ne demanderait pas ce statut spécial, car la question posée au référendum ne le prévoyait pas. (7sur7)