Algérie: RSF demande la libération d’un journaliste accusé d’espionnage
L’organisation de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF) a demandé mercredi la remise en liberté d’un journaliste algérien arrêté début juin à Alger et accusé d’espionnage, estimant sa détention préventive « injustifiée » et sa durée « excessive ».
Son incarcération n’a été connue que début juillet.
Des sources au sein des services de renseignements ont indiqué à l’AFP que M. Chitour, sous surveillance depuis plusieurs mois, était accusé d’avoir remis des documents confidentiels à des diplomates étrangers.
"Il n’y a aucun document confidentiel dans le dossier" et "je me demande comment un journaliste-fixeur aurait eu accès à ces documents", a déclaré à l’AFP l’avocat de M. Chitour, Me Khaled Bourayou.
"Tout ce que Saïd reconnaît c’est qu’il a eu des réunions avec des diplomates occidentaux, comme beaucoup de journalistes, où il a livré ses avis sur la situation politique et économique du pays", a poursuivi l’avocat.
Dans un communiqué publié mercredi, RSF "appelle la justice algérienne à libérer Saïd Chitour", dont "la détention préventive est injustifiée et son prolongement depuis plus d’un mois excessif".
RSF "s’inquiète des conditions de détention difficiles de Chitour qui est diabétique". M. Chitour est passible de la réclusion criminelle à perpétuité, selon l’organisation.
Le Comité de protection des Journalistes (CPJ), basé à New-York, avait demandé début juillet la libération de Saïd Chitour et l’abandon des charges contre lui, évoquant une "tentative de tenir l’information sur l’Algérie loin de la presse internationale".
A la mi-juin, RSF avait dénoncé le "harcèlement", les "menaces" et "pressions" à l’encontre des journalistes en Algérie, pays qui figure à la 134e place (sur 180) en 2017 au classement mondial de la liberté de la presse établi par l’organisation.
En décembre 2016, un journaliste algérien, Mohamed Tamalt, est décédé après trois mois de grève de la faim en prison, où il purgeait une peine de deux ans pour "offense au président de la République".
Fin 2016, le journaliste Hassan Bouras a lui été condamné à un an ferme pour "complicité d’outrage", après avoir publié une série d’entretiens avec des Algériens accusant de hauts responsables de leur ville de corruption.
AFP