Le CFCM dénonce la stigmatisation de l’islam et des musulmans par des médias français
Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) dénonce « la grave dérive » que prend le traitement médiatique quant il s’agit de l’islam et des musulmans en France.
« Ce traitement partisan et orienté de l’information, qui a pour but de faire de l’islam et des musulmans un sujet anxiogène et de préoccupation majeure pour nos concitoyens, de distiller la peur et, parfois même, d’inciter à la haine, doit être dénoncé et combattu », s’insurge cette instance religieuse.
En effet, souligne le CFCM, « force est de constater que lorsqu’un fait divers se produit et que la consonance du prénom du suspect laisse à penser qu’il serait musulman, tout est fait dans certains de nos médias pour lier cette actualité à l’islam et aux musulmans, même lorsqu’elle n’a aucun rapport avec la religion », ajoutant que « le prénom du suspect “à connotation musulmane” apparaît partout, et devient presque un sujet plus important que l’acte ou le délit lui même ».
« Les faits font alors l’objet d’une couverture médiatique exceptionnelle et les musulmans sont pointés du doigt dans leur ensemble », insiste-t-il. « A l’inverse, lorsque des faits concernent des individus dont le prénom ne serait a priori pas ” à connotation musulmane”, le prénom en question n’apparaît presque jamais et laisse place à l’anonymat » et « leurs affaires sont très vite ignorées, abandonnées et disparaissent rapidement de nos médias y compris lorsqu’elles sont extrêmement graves ».
A tire d’exemple, indique le CFCM, l’information de la terrible attaque au couteau qui a eu lieu en Australie samedi 13 avril 2024, faisant 6 victimes et des blessés dont un bébé, a d’abord fait la une de la chaîne CNEWS avec des spécialistes qui expliquaient en direct que le suspect serait d’origine « orientale », accompagnée de ce commentaire: « L’Australie nous paraît être un pays calme, mais il y a eu de multiples incidents liés à l’islam radical et au terrorisme ». Mais quand le nom de l’assaillant « Joël Cauchi » a été dévoilé, ce média a immédiatement cessé de porter un intérêt quelconque à ce drame.
« Dans une enquête du journal Mediapart traitant de cette dérive médiatique, on apprend, par exemple, qu’ un rédacteur en chef de la chaine Cnews aurait envoyé, dans un groupe whattsapp de la rédaction, la consigne suivante pour le traitement d’un fait divers dans un collège de Cholet : “Affaire de Cholet laisse tomber !!! Il n’y a eu aucune référence au Coran !!!” », cite le CFCM.
« Le fait pour nos médias de se concentrer uniquement sur les méfaits commis par des individus musulmans ou présumés comme tels et de les amplifier, tout en délaissant d’autres actualités parfois plus graves mais qui ne peuvent être liées à l’islam, participe d’une manipulation et d’une propagande nauséabonde contraire à la déontologie journalistique et au traitement juste, équitable et objectif de l’information », s’insurge le CFCM.
Pour cette instance, ce traitement médiatique « est aussi contraire aux valeurs et aux principes qui fondent notre Démocratie et notre état de droit. Il est également l’une des sources du racisme et des actes antimusulmans qui ne font que croitre dangereusement dans notre pays ».