Interview avec l’ambassadeur d’Allemagne au Maroc, Robert Dölger
Les relations entre les deux pays se sont engagées dans une très bonne dynamique, à la fois politique et économique, depuis la rencontre, le 25 août dernier à Rabat, de notre ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, avec son homologue Nasser Bourita. A cette occasion, les deux ministres se sont accordés sur un certain nombre d’éléments pour l’avenir de nos relations dans le cadre d’une déclaration conjointe. Cela nous mène à rehausser le niveau de nos relations et je m’en réjouis. La déclaration conjointe s’attache, dans un premier temps, aux principes fondamentaux de notre coopération comme le respect mutuel, le dialogue d’égal à égal et la poursuite des consultations sur les questions stratégiques d’intérêt commun.
En ce qui concerne le cadre économique, le dynamisme de notre partenariat est vraiment impressionnant. Il y a de plus en plus d’entreprises allemandes désireuses de s’installer au Maroc et d’y investir, notamment dans l’industrie. En chiffres, le stock des investissements directs allemands au Maroc a doublé depuis 2015 pour s’établir actuellement à 1,7 milliard d’euros, porté par près de 93 entreprises qui emploient plus de 36.000 personnes, ce qui fait du Maroc notre deuxième partenaire en Afrique.
2 – Quels sont les moyens à mettre en œuvre pour renforcer ce partenariat qui prend une nouvelle dimension ?
Il faudrait stimuler le secteur privé. Nous disposons d’un grand portefeuille de projets bilatéraux dans le cadre de la coopération intergouvernementale, ce qui est en principe louable, sauf qu’il faudrait intéresser davantage les opérateurs privés des deux pays pour accompagner et appuyer cette dynamique. En tant qu’Ambassade, nous œuvrons sur le volet économique et commercial avec l’AHK Maroc qui est un excellent instrument. De l’autre côté, il faut que les investisseurs marocains soient présents de manière plus prononcée sur le marché allemand. C’est un axe qu’il faudrait approfondir dans nos relations économiques.
Notre coopération va se jouer autour de certains secteurs clés. Les entreprises allemandes opèrent déjà, depuis quelques années, dans l’automobile, un secteur dans lequel nous nous employons à consolider nos investissements au même titre que l’aéronautique, les énergies renouvelables et l’hydrogène vert. Nous nous sommes fixés trois axes de travail prioritaires dans le cadre d’un agenda qui s’inscrit parfaitement en phase avec la Vision de Sa Majesté le Roi et le Nouveau modèle de développement (NMD). Il s’agit de l’accompagnement des efforts d’industrialisation du Maroc, la promotion des énergies renouvelables et de l’hydrogène vert ainsi que la contribution au soutien et au développement des capacités humaines via la formation professionnelle des jeunes aux nouveaux métiers à forte valeur ajoutée et la mise en place d’un dispositif de migration circulaire.
3 – Quel est le volume des échanges entre les deux pays ? Et quels sont les secteurs clés du partenariat bilatéral ?
Les échanges entre le Maroc et l’Allemagne se sont chiffrés en 2021 à 3,8 milliards d’euros. Les exportations allemandes vers le Maroc se sont établies à 2,2 milliards pour 1,6 milliard d’importations allemandes en provenance du Maroc. La position du commerce extérieur entre les deux pays est en train de changer, car il y a une vingtaine d’années les échanges étaient beaucoup plus à l’avantage de l’Allemagne tandis qu’à présent la balance commerciale tend à l’équilibre. Aujourd’hui, notre partenariat économique et commercial est principalement porté par les secteurs de l’automobile, de la chimie, des produits pharmaceutiques et de l’agroalimentaire pour lequel l’Allemagne est un grand client du Maroc. A l’avenir et dans la perspective d’industrialisation du Maroc, nous allons travailler sur la mise en valeur des énergies renouvelables, notamment la production d’hydrogène vert qui constitue une priorité pour le Royaume dans le cadre des efforts visant la décarbonation de l’économie nationale.
Nous souhaitons sous associer à la dynamique d’industrialisation du Royaume et sa montée en valeur ajoutée, afin de profiter des progrès réalisés par le Maroc en matière d’intégration dans les chaînes de valeur mondiales. L’objectif étant de fonder un partenariat gagnant-gagnant basé sur la complémentarités entre les entreprises des deux pays. Pour cela, notre priorité est l’accompagnement du secteur privé allemand au Maroc, en partenariat avec l’AHK Maroc, pour identifier les moyens pour la mise en place du cadre de coopération idoine sous les auspices de la Nouvelle Charte d’Investissement, qui s’attache à améliorer le climat des affaires au Maroc.
4 – Quelles sont les ambitions de votre mandat ?
Si les relations entre le Maroc et l’Allemagne sont bonnes alors mon travail est fait ! Mais personnellement j’aimerais que la compréhension entre les deux pays soit approfondie, et que le Maroc et l’Allemagne puissent profiter, l’un autant que l’autre, des nouvelles perspectives de leur partenariat.
Sur le plan économique, j’espère pouvoir appuyer la mise en œuvre des trois axes prioritaires contenus dans la récente déclaration conjointe adoptée par le Maroc et l’Allemagne.
Notre coopération portera à l’avenir sur l’industrialisation, la question des énergies renouvelables qui va au-delà de notre combat commun contre les changements climatiques, et sur les moyens de donner aux jeunes marocains les perspectives économiques voulues par Sa Majesté le Roi.
— Depuis 25 ans, l’AHK Maroc est un acteur central des relations économiques entre le Maroc et l’Allemagne et le partenaire compétent pour conseiller, assister et représenter les entreprises allemandes qui souhaitent développer ou renforcer leurs activités au Maroc, tout comme les entreprises marocaines voulant s’implanter en Allemagne.
Avec plus de 700 membres, l’AHK Maroc est le maillon d’un large réseau mondial des Chambres Allemandes de Commerce à l’étranger (AHK), qui réunit plus de 140 antennes dans 92 pays.