« Mohammed VI: Un Roi africain » (210 pages, octobre 2022) est écrit par le journaliste Samir Chaouki qui revient en détail, dans un entretien à la MAP, sur les raisons de la publication de cet ouvrage, le volume accordé au volet économique et les grandes avancées du Maroc dans ses partenariats avec plusieurs pays africains amis et frères, ainsi que les caractéristiques du soft power marocain.
1- Pourquoi avez-vous pensé à écrire un livre sur les visites royales en Afrique ?
Ce livre est l’émanation de plusieurs années de travail journalistique de terrain en Afrique, dans le cadre de visites royales et aussi de mon travail de tous les jours.
Ces déplacement ont fait de moi un témoin de la politique africaine du Royaume, brillamment conçue grâce à la vision clairvoyante de SM le Roi Mohammed VI. J’ai donc décidé de reproduire toutes ces données dans un livre pour permettre au Marocains d’avoir un document qui trace les relations maroco-africaines, et qui jette surtout la lumière sur les efforts déployés par le Royaume dans le continent, et surtout la clairvoyance de SM le Roi Mohammed VI qui a poussé des pays historiquement hostiles au Maroc à changer de paradigmes diplomatiques vis à vis du Royaume.
Il s’agit d’une histoire à raconter, notamment les coulisses du retour du Royaume au sein de l’Union africaine grâce à une diplomatie dynamique et agissante.
2- Le volet économique occupe une place importante dans cet ouvrage, par quoi peut-on expliquer ce choix ?
Dès son intronisation, SM le Roi Mohammed VI a fait le choix de l’Afrique qui a été bien étudié, car il ne suffit pas d’aller vers l’Afrique et de prospecter le continent sans une stratégie bien tracée. Et celle du Maroc était de renforcer la coopération économique gagnant/gagnant au moment où le partenariat Sud/Sud ne marchait pas bien en Afrique, et les Etats travaillaient beaucoup plus vers le Nord.
Les échanges économique étaient de l’ordre de 900 millions de DH alors qu’ils dépassent aujourd’hui les 30 milliards de DH.
Le Maroc a décidé d’aller vers l’économie car c’est le créneau qui intéresse le plus les populations et les Etats, surtout après les mutations géopolitiques survenus dans le monde à la fin du deuxième millénaire, avec la fin de la guerre froide et la chute du mur de Berlin.
L’Afrique c’est 1,4 milliard d’habitants qu’il faut nourrir et auxquels il faut trouver des emplois, d’où l’importance de la coopération entre les Etats pour une meilleure intégration.
Ce changement de paradigme par le Maroc a donné ces fruits et le choix de l’angle économique n’était pas fortuit. A partir de là, il fallait trouver des leviers pour répondre à ce changement de paradigmes tirés par de grandes entreprises nationales publiques et privées dans les secteurs de la banque, de la chimie, du transport aérien, des infrastructures, de l’immobilier, de la cimenterie et de la santé.
Ce mouvement a fait du Maroc, sur une quinzaine d’années, le deuxième investisseur africain en Afrique et le premier investisseur africain en Afrique de l’Ouest. Un chiffre en dit long: la moitié des investissements marocains dans le monde est faite en Afrique.
Le volet économique est fondamental car il s’agit d’une fibre socio-économique qui bénéficie directement aux populations cibles.
Qu’il s’agisse de petits projets ou de projets d’envergure tels que ceux mis en place par l’OCP en Éthiopie, au Kenya ou au Nigeria. Le Maroc est un partenaire incontournable dans son continent, où il a une bonne image auprès des populations et des gouvernements.
3- En quoi consiste le soft-power marocain?
La politique du Maroc ne porte pas uniquement sur la « Hard économie », mais également sur le soft-power qui englobe tous les éléments accompagnant l’action et le partenariat économiques.
Le Maroc est connu par son étendue spirituelle de par le statut de SM le Roi en tant que Commandeur des croyants. Ce champs religieux géré par le Royaume, qui se veut un pourvoyeur de l’islam tolérant et modéré, est aujourd’hui un modèle dans le continent. Il est même plébiscité par les instances internationales qui cherchent un Islam justement modéré.
Sur un autre registre, le Maroc a été un pilier dans la gestion de la question migratoire, car c’est le seul pays en Afrique qui dispose d’une réelle politique d’immigration avec des régularisations annuelle et régulières. C’est la raison pour laquelle l’Union africaine a accordé au Maroc le statut de pays modèle en matière d’immigration et a accédé à sa demande de créer un observatoire de la migration africaine.
Durant les années 1960, marquées par le début des indépendances des pays africains, et où des conflits frontaliers ont été déclenchés ici et la, le Maroc avait participé avec l’ONU dans les forces de (maintien de la) paix. Depuis, le Maroc a dépêché plusieurs contingents militaires dans le continent, outre les hôpitaux de campagne et les équipements.
Le Maroc contribue également à la formation des futures élites et cadres africains dans leurs pays d’origine ou dans le Royaume, où ils reçoivent une formation pluridisciplinaire très poussée.
Plusieurs ministres africains ont suivi leur formation au Maroc, et ont mis en place une association qui rassemble les cadres africains qui ont fait le choix du Maroc pour leurs études supérieures.
Le soft-power est un relai très important dans le renforcement des relations diplomatiques, ce qui a donné au Maroc une forte notoriété qui se fait remarquer lors de chaque visite dans ces pays.
Le Maroc ne fera que renforcer cette belle image. Il s’agit d’un socle de la diplomatie royale en Afrique.