Tahar Benjelloun : « l’école, un milieu pour intégrer la lecture comme pratique culturelle dès le jeune âge »
Comme toute discipline, la lecture nécessite de l’entraînement, a-t-il suggéré, affirmant que de par son rôle éducatif et d’enseignement, le milieu scolaire peut être “un bon moyen pour inclure la lecture dans la pratique culturelle et ainsi en faire une nécessité absolue”.
La société marocaine peut dans sa globalité être comparée à la société latino-américaine, a estimé M. Benjelloun, précisant que sa singularité réside dans sa richesse culturelle et son multilinguisme, reflétés notamment par les ouvrages élaborés qui sont édités en différentes langues dont l’arabe, le français et même l’anglais ou le hollandais.
En tant qu’écrivain, il a appelé à encourager davantage la pratique de la lecture au Maroc, évoquant à cette occasion qu’il a lui-même été motivé à la lecture en observant son père lire.
Par ailleurs, il a relevé que l’écrivain, en sa qualité de témoin de son époque, a un rôle prépondérant dans la société puisqu’il “touche aux blessures”. Les écrivains ont une fonction importante qui est celle de regarder les réalités sociales et de les transmettre aux lecteurs, a-t-il dit.
M. Benjelloun a en outre souligné que l’écriture d’un roman n’est jamais fortuite, elle est toujours motivée par une nécessité et un besoin de lecture sociétal à travers une observation laborieuse.
Sur ses peintures, le lauréat du Prix Goncourt (1987) a fait savoir qu’il pratiquait cet art depuis des décennies, trouvant une attirance pour des œuvres picturales joyeuses et lumineuses.
Évoquant des grands noms de la peinture à l’instar de Vincent van Gogh, Claude Monet et Édouard Manet, il a également confié qu’un roman appelle à la réflexion pour explorer l’intérieur alors que la pratique picturale exhorte à la joie et à la béatitude et pose le regard sur la lumière de l’extérieur.
La rencontre littéraire avec Tahar Benjelloun s’est tenue à l’école nationale de commerce et de gestion (ENCG) d’Agadir, dans le cadre des activités de la 18ème édition du Festival international Cinéma et migrations (FICM), pour présenter son dernier ouvrage “La couleur des mots” sorti aux éditions “l’iconoclaste”.
Participant à la 18ème édition du FICM d’Agadir en tant que président du jury du long métrage, “La couleur des mots” est un récit intime, qui plonge pour la première fois aux sources de la création de Taher Benjelloun. “Là où, entre ombre et lumière, se tissent la douleur et la beauté du monde”.
Né à Fès, M. Benjelloun a passé son adolescence à Tanger, puis étudié la philosophie à Rabat. En 1971, il s’installe à Paris pour y poursuivre des études de sociologie.
Au départ, le séjour ne devait durer que trois ans, juste le temps de faire une thèse de 3e cycle de psychiatrie sociale sur les troubles mentaux des immigrés hospitalisés, mais rapidement il se met à écrire.
Il publie en 1972 un recueil de poésie, puis son premier roman l’année suivante, « Harrouda ». En 1987, il obtient le Prix Goncourt pour « La Nuit sacrée ». Il intervient dans les problèmes de société notamment à propos de la situation dans les banlieues et du racisme.