Une session de formation maroco-européenne sur « l’Évaluation des politiques publiques : Collecte de données entre mythe et réalité » a débuté, mercredi à Rabat, au profit des cadres des deux Chambres du Parlement.
Organisé par le Parlement du Maroc et l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), ce cycle de formation de deux jours s’inscrit dans le cadre du projet « Appui au développement du rôle du Parlement dans la consolidation de la démocratie au Maroc 2020-2023 », financé par l’Union européenne et mis en œuvre par le Conseil de l’Europe.
S’exprimant à l’ouverture de cette session, le secrétaire général de la Chambre des représentants, Najib El Khadi, a mis en avant l’importance de cet atelier pour l’amélioration des compétences des cadres du Parlement en matière d’évaluation des politiques et programmes publics, et ce en se basant sur les meilleurs standards dans l’élaboration de rapports et recommandations, permettant ainsi d’éclairer les décideurs et l’opinion publique sur l’établissement des politiques et la mesure de leur impact sur la société, particulièrement les catégories cibles.
La Chambre des représentants, qui dispose d’un cadre référentiel pour l’évaluation parlementaire, a mené quatre opérations d’examen de grandes politiques publiques d’actualité et qui ont un impact sur le développement de la société, à savoir l’approvisionnement en eau en milieu rural, l’électrification rurale, les routes et circuits dans les régions montagneuses et l’enseignement primaire, a-t-il rappelé.
Même son de cloche du côté du secrétaire général de la Chambre des conseillers, Abdelouahid Khouja, qui a souligné le rôle du Parlement dans l’évaluation des politiques publiques en tant que nouvelle prérogative consacrée par la Constitution de 2011, rappelant que jusqu’à la fin de la précédente législature, il a été procédé à la formation de cinq commissions thématiques temporaires sur des questions d’actualité liées aux défis majeurs auxquels est confronté le Maroc, qui ont ensuite présenté leurs rapports lors de la session annuelle consacrée à l’examen des politiques publiques.
Il a également fait savoir que l’évaluation des politiques publiques, via le renforcement des capacités et du rôle de l’institution législative, est en tête des priorités du plan d’action pour la période 2020-2023, en plus de l’amélioration de la communication, de la numérisation de l’action parlementaire et du renforcement de la démocratie participative.
Pour Michael Ingledow, chef du bureau du Conseil de l’Europe au Maroc, sans une évaluation des politiques publiques, qu’elle soit ex ante ou ex post, il n’est pas possible de prétendre à atteindre l’efficacité desdites politiques qui doivent répondre aux attentes des citoyens marocains.
A ce propos, il a souligné que si l’évaluation des politiques publiques est tendanciellement, au Maroc comme dans beaucoup de pays européens, « une affaire » dans les mains du gouvernement, le Parlement doit être appelé à agir pour contrebalancer l’Exécutif dans une vraie optique de séparation des pouvoirs et de poursuite de l’intérêt collectif sur la base de données factuelles claires.
Quant à Severin Strohal, chef de la section coopération de la délégation de l’Union européenne à Rabat, il a expliqué que l’évaluation permet d’établir si les résultats d’une politique publique sont conformes aux objectifs attendus, si les impacts sur la population visée correspondent à ses besoins et si les coûts sont raisonnables par rapport aux résultats, notant que cet exercice constitue à la fois un outil de redevabilité démocratique sur l’action publique vis-à-vis des citoyens, et une base pour la communication et l’information autour de l’action publique.
La Constitution de 2011 a posé les jalons de l’institutionnalisation de l’évaluation au Maroc et le Nouveau modèle de développement a également mis en exergue l’importance d’utiliser cet outil, pour mieux contribuer à faire avancer les grands chantiers de réforme afin de rendre l’État plus moderne, plus fluide et plus performant, a-t-il ajouté.
Cette session de formation permettra aux fonctionnaires du Parlement d’échanger avec des experts nationaux et internationaux, notamment autour de cas concrets d’évaluations conduites dans plusieurs pays européens et au sein du Parlement européen. Elle portera sur les méthodologies de recherche quantitatives et qualitatives ainsi que sur l’utilisation des bases de données comme instrument essentiel dans le processus d’évaluation.