L’Algérie accusée de faire subir une certaine vision de l’enfer à des milliers de migrants africains
«À pied dans le désert, sans eau ni nourriture, sous une chaleur de plomb pouvant atteindre jusqu’à 48 degrés. C’est une certaine vision de l’enfer que l’Algérie est accusée de faire subir à des milliers de migrants depuis plus d’un an», écrit l’hebdomadaire français «Marianne» en évoquant les conditions tragiques dans lesquelles s’opèrent les expulsions de ressortissants africains du territoire algérien.
Parfois menacés par une arme, ils sont forcés par les autorités algériennes à partir dans le plus grand désert du monde, relate la publication sous le titre : «Marche ou crève : l’Algérie accusée d’avoir abandonné 13.000 migrants dans le Sahara».
Selon «Marianne», la plupart des personnes expulsées, qui se dirigent alors vers le Niger, marchent pendant des jours dans la lande jusqu’à ce que, éventuellement, une équipe de sauvetage de l’Organisation des Nations Unies finisse par les retrouver.
Certains n’en ressortent jamais vivants, souligne le magazine en observant que le nombre de victimes décédées au cours de ces marches forcées est jusqu’ici inconnu.
Des femmes expliquent avoir perdu leur bébé en cours de route, rapporte par ailleurs l’hebdomadaire qui fait état de reprise des expulsions massives en Algérie depuis octobre 2017 sans que celle-ci ne soient confirmées par aucun chiffre officiel algérien.
Se référant à des témoignages recueillis par l’Associated Press, la publication affirme cependant que des centaines de migrants africains sont détenus chaque mois dans des camions pendant 6 à 8 heures au Point Zero, avant d’être lâchés dans le désert.
Les autorités algériennes leur indiquent alors la direction du Niger et leur ordonnent de s’y rendre, relate-t-elle en précisant que «le Point Zero, qui se trouve à 30 kilomètres de la source d’eau la plus proche, est une véritable fournaise : en quelques secondes, la chaleur du sol perce même les chaussures les plus épaisses. Mais il n’y a aucun retour en arrière possible».
«Début juin, près d’un millier personnes y ont ainsi été déposées. Le groupe a déambulé dans le désert de 8 à 19 heures en direction du Niger», ajoute la même source.
«Il y a des gens qui n’ont pas pu le supporter», a expliqué Aliou Kande, un Sénégalais de 18 ans cité par «Marianne».
«Ils se sont assis et nous les avons laissés là. Ils souffraient trop», poursuit-il. Selon le magazine, l’intéressé n’a jamais revu ces personnes.
Les témoignages recueillis par l’Associated Press sont confirmés par les multiples vidéos collectées par l’agence de presse depuis des mois, assure la même source soulignant que la plupart d’entre elles montrent des centaines de personnes s’éloignant de camions et de bus pour finalement être englouties dans l’immensité du désert.