Le pouvoir politique en Algérie est « enfermé dans le tout-sécuritaire » (ONG algérienne)
Le président de la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme (LADDH), Noureddine Benissad, a dénoncé « le tout-sécuritaire » dans lequel s’est « enfermé » le pouvoir algérien.
« Le pouvoir politique est enfermé dans le tout-sécuritaire et nous sommes devant un déni politique qui consiste à faire comme si de rien n’était », a-t-il dit dans un entretien avec le média algérien en ligne « TSA ».
Selon lui, « le pouvoir n’a pas de projet politique à proposer aux Algériens ».
« C’est la politique de l’autruche. Le pouvoir refuse d’admettre qu’il y a une crise politique, qu’une majorité d’Algériens refuse le fait accompli et qui a des revendications politiques très claires », détaille Me Benissad.
Il explique que les Algériens revendiquent qu’on jette les jalons d’un Etat de droits et d’un Etat démocratique au sein duquel il n’y aura aucune exclusion, mais le pouvoir rame à contre-courant de ces revendications.
« Les réflexes de l’autoritarisme, ce sont ces arrestations », a-t-il fait observer.
Sur les conséquences de ce déni politique, le président de LADDH a estimé qu’au lieu que le pouvoir s’attelle à canaliser toute cette énergie du mouvement du Hirak, « on est en train de faire perdre au pays des pans entiers de la société qu’on n’arrive pas à mobiliser pour aller de l’avant ».
Et par rapport à l’étranger, le pouvoir est en train de donner une mauvaise image de l’Algérie, a-t-il dénoncé, notant que « les conséquences, c’est l’inconnu ».
Le pouvoir refuse le dialogue et ne manifeste aucune capacité d’écoute vis-à-vis de l’opinion, a-t-il ajouté, relevant que la situation démocratique aurait dicté que les 23 Hirakistes, qui observent une grève de la faim depuis 19 jours pour protester contre leur détention, n’auraient jamais dû être emprisonnés.
« Ils n’ont fait qu’exprimer une opinion. Et une opinion n’est ni un crime ni un délit », soutient-il.
Il a estimé qu’il y a des forces qui poussent à la radicalisation et au pourrissement alors que les solutions sont à portée de main, notant qu’il « suffit juste de créer les passerelles du dialogue et écouter les revendications et voir ce qu’il est possible de faire dès maintenant ».
« La situation des détenus est aggravée par le fait qu’ils soient en grève de la faim, et l’on ne peut prévoir ce qu’il peut se passer. On risque même de se retrouver avec des morts en prison », a-t-il mis en garde.
Selon lui, la situation normale et démocratique voudrait qu’il n’y ait aucun détenu d’opinion en prison.