« Le fait de ne pas autoriser les points de passage frontaliers n’est manifestement pas dans l’intérêt du peuple syrien. Ce n’est pas ce que recommandent les experts de l’ONU ou les experts humanitaires. Et cela n’a rien à voir avec les principes humanitaires, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance », a martelé M. Blinken, lors d’une réunion ministérielle virtuelle du Conseil consacrée à la situation humanitaire en Syrie.
En juillet dernier, le Conseil de sécurité, sous la pression de la Russie, n’avait pu renouveler l’autorisation de l’aide transfrontalière qu’à travers un seul point de passage, celui de Bab Al-Hawa sur la frontière turque dans le nord-ouest de la Syrie, pour une période de 12 mois jusqu’au 10 juillet 2021. Les deux autres points de passage dans le sud du pays avaient été fermés depuis lors, ce qui a considérablement entravé l’acheminement de l’aide humanitaire aux Syriens, selon l’ONU.
« L’approche actuelle est injustifiée, inefficace, et indéfendable. Cela entraîne directement une augmentation des souffrances du peuple syrien », a tranché le Secrétaire d’Etat américain.
« Permettez-moi, donc, de proposer une approche différente : autorisons à nouveau les deux points de passage frontaliers qui ont été fermés et renouvelons l’autorisation de celui qui est ouvert. Donnons-nous plus de voies, plutôt que moins de voies, pour fournir de la nourriture et des médicaments au peuple syrien. Engageons-nous à utiliser la voie la plus sûre et la plus rapide pour atteindre les personnes qui souffrent de la faim et qui meurent par manque de médicaments », a-t-il plaidé devant les membres du Conseil.
Pour M. Blinken, la vie des gens en Syrie « dépend de l’obtention d’une aide humanitaire urgente ». Par conséquent, « nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour créer des moyens pour que cette aide leur parvienne – pour ouvrir des voies, pas pour les fermer », a-t-il insisté.
De son côté, le chef de l’humanitaire de l’ONU, Mark Lowcock, a fait remarquer que les Nations-Unies estiment que 13,4 millions de personnes dans toutes les régions de la Syrie ont aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire, soit 24% de plus que l’an dernier.
Selon lui, le déclin économique profond engendré par une décennie de guerre en Syrie s’est encore aggravé au cours de l’année dernière, notamment en raison de la pandémie. « La livre syrienne est tombée à son niveau le plus bas jamais vu par rapport au dollar ce mois-ci. Et parce que les aliments sont importés, une des conséquences de cela est que les prix des denrées alimentaires sont à des niveaux sans précédent », a expliqué M. Lowcock.