La Commission européenne s’apprête à présenter dans les jours qui viennent un projet de passeport vaccinal communautaire, censé permettre aux citoyens de l’UE de se déplacer en toute sécurité et relancer le tourisme fortement mis à mal par la pandémie de Covid-19.
Mais avant même de prendre forme, ce « laissez-passer » fait couler beaucoup d’encre et divise profondément les Européens qui peinent à s’accorder sur une position commune sur la question.
Partisans et détracteurs de ce passeport vaccinal font entendre leur voix depuis quelques semaines, avançant des arguments en faveur ou contre cet outil qui devrait « faciliter la vie des Européens », selon la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Il s’agira d' »un passeport numérique vert », grâce auquel les citoyens européens pourront « se déplacer en sécurité dans l’UE et à l’extérieur, pour le travail ou pour le tourisme », a précisé la présidente de l’exécutif européen.
Parmi les États membres de l’Union européenne, certains pays, dont l’économie repose essentiellement sur le tourisme, comme la Grèce, l’Italie, l’Espagne ou le Portugal, se sont montrés d’emblée favorables à ce document, dans l’espoir d’une reprise rapide de l’activité touristique.
En revanche, d’autres pays demeurent plutôt réticents, disant craindre des discriminations à l’échelle européenne en raison du caractère facultatif de la vaccination contre le coronavirus.
C’est le cas notamment de l’Allemagne, des Pays-Bas et de la Belgique dont la ministre des Affaires étrangères, Sophie Wilmès, a souligné qu’il n’est pas question de lier la vaccination à la liberté de se déplacer en Europe.
« Le respect du principe de non-discrimination est d’autant plus fondamental que la vaccination n’est pas obligatoire et que l’accès au vaccin n’est pas encore généralisé », a-t-elle insisté.
La France juge quant à elle que ce débat est prématuré, mais son ministre de la Santé, Olivier Véran, a souligné qu’il faut prendre en compte « les enjeux éthiques, sanitaires, politiques et numériques » avant de trancher cette question.
Par ailleurs, en plus des réticences sur la protection et la confidentialité des données personnelles, le passeport vaccinal soulève également des interrogations sur le plan scientifique alors que des doutes persistent sur la capacité de la vaccination à empêcher la transmission du virus.
A la mi-janvier, le comité d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OM) s’est dit opposé « pour le moment » à l’instauration de certificats de vaccination contre le Covid-19 pour les voyageurs, arguant qu' »il y a toujours trop d’inconnues fondamentales en terme d’efficacité des vaccins pour réduire la transmission du virus et que les vaccins ne sont pas encore disponibles en quantités suffisantes ».
En plein débat sur la pertinence du passeport vaccinal, la Commission européenne présentera dans les prochains jours sa perception de ce nouveau dispositif et tentera d’éclairer les zones d’ombre qui persistent quant à ses modalités d’application.
Entre-temps, le commissaire européen à la Justice, Didier Reynders a tenu à apporter des précisions sur ce sujet clivant.
Il a relevé à cet égard qu’en plus des informations relatives à la vaccination, les passeports digitaux vont inclure le résultat d’un test de dépistage voire le résultat d’un test sérologique suggérant qu’une personne a développé des anticorps contre le virus. Il s’agit, selon lui, de diversifier les preuves immunitaires afin de ne pas discriminer les personnes non vaccinées.
Il a ajouté que le « digital green pass » que va proposer la Commission européenne n’est « pas un passeport, mais plutôt « un certificat indiquant la situation de la personne par rapport à la maladie ».
L’exécutif européen aura besoin de quelques mois pour finaliser la mise en place de ce dispositif controversé avec la saison estivale en vue. Il faudra d’ici là trouver un consensus entre les Vingt-sept et éviter une nouvelle confusion dans la gestion de cette crise sanitaire qui continue de mettre à rude épreuve l’unité européenne.