Le prince héritier saoudien achève sa visite officielle en France avec Macron
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane achève mardi sa visite officielle en France par une rencontre et un dîner avec le président Emmanuel Macron, qui souhaite définir un nouveau cadre stratégique pour sa relation avec cet acteur important au Proche-Orient.
Dans le contexte explosif du Proche-Orient, où Ryad est un acteur majeur, le jeune prince de 32 ans, surnommé MBS, n’est pas venu à Paris pour faire des affaires et signer des chèques. A tel point que l’Elysée a annoncé lundi qu’Emmanuel Macron se rendrait en Arabie saoudite "en fin d’année" pour parapher des contrats.
Il y aura tout de même mardi matin une rencontre organisée par la délégation saoudienne, a priori sans MBS, avec plusieurs patrons français, qui devrait donner lieu à quelques annonces commerciales. Mais le prince a passé près de trois semaines aux Etats-Unis, allié historique de Ryad, où il a eu tout loisir de nouer accords et contrats. C’est d’une portion relativement congrue que devront se contenter les entrepreneurs français.
D’autant que les deux jeunes dirigeants disent vouloir tourner la page de l’époque où les relations bilatérales étaient bornées par les grands contrats commerciaux.
Selon l’Elysée, Emmanuel Macron a eu une "discussion stratégique avec MBS" dimanche, "à savoir construire une alliance avec les Saoudiens", dont les deux dirigeants pourront esquisser les contours mardi soir devant la presse.
Le prochain monarque saoudien, qui du fait de son jeune âge devrait régner plusieurs décennies, a pu largement discuter depuis dimanche des grands sujets stratégiques en jeu au Proche-Orient, ainsi que de ses divergences avec les positions françaises sur plusieurs d’entre eux.
Outre Emmanuel Macron, il a pu échanger à plusieurs reprises avec le chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian et a aussi rencontré la ministre des Armées Florence Parly (il est lui-même ministre de la Défense).
Une source proche du gouvernement saoudien a suggéré que les changements incessants de planning du prince (son programme est très erratique) sont dus au fait qu’il consacre du temps à des "négociations difficiles".
Iran, Yémen, Syrie..
Les dossiers chauds ne manquent pas dans un Proche-Orient sous tension, notamment en raison de la rivalité féroce entre Ryad et Téhéran pour l’influence régionale: accord nucléaire iranien sur la sellette, guerre au Yémen où les deux pays s’affrontent indirectement, pressions politiques au Liban, guerre en Syrie…
Sur le nucléaire iranien notamment, MBS est adossé à la position de Washington, qui veut dénoncer l’accord international sur le nucléaire iranien de 2015 et menace de s’en retirer d’ici le 12 mai. La France et les Européens espèrent eux sauver l’accord et Emmanuel Macron devrait plaider en ce sens.
Paris devrait aussi essayer de persuader Ryad de participer à ses efforts au Sahel. L’Arabie saoudite est un contributeur du G5 Sahel, la structure de développement et de sécurité de la région essentielle pour Paris, notamment pour contrer la menace jihadiste. Et le gouvernement français pourrait vouloir pérenniser l’aide saoudienne.
Mardi devrait aussi être signé officiellement le partenariat entre Paris et Ryad pour le développement de la cité antique d’Al-Ula en un complexe touristique responsable où la France est partie prenante. Le volet culturel aura été un des plus étoffés de cette visite, avec l’annonce d’un accord pour le développement d’un opéra en Arabie saoudite ou la participation du royaume au prochain festival de cinéma de Cannes.
A l’issue de ces trois jours passés en France, MBS s’envolera pour une journée à Madrid, avant de regagner son pays, notamment pour préparer le prochain sommet de la Ligue arabe le 15 avril à Ryad.