Sainte-Sophie: l’Unesco « regrette vivement » la décision des autorités turques
L’Unesco « regrette vivement » la décision des autorités turques, « prise sans dialogue préalable », de « modifier le statut » de l’ex-basilique Sainte-Sophie, site classé au patrimoine mondial de l’Unesco, a réagi vendredi dans un communiqué la directrice de l’organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).
L’Unesco réagissait à l’annonce vendredi du président turc Recep Tayyip Erdogan de l’ouverture de l’ex-basilique Sainte-Sophie à Istanbul aux prières musulmanes, après qu’un tribunal a ouvert la voie à sa transformation en mosquée en annulant son statut actuel de musée
Le Conseil d’Etat, plus haut tribunal administratif de Turquie, a accédé vendredi à la requête de plusieurs associations en révoquant une décision gouvernementale datant de 1934 conférant à Sainte-Sophie le statut de musée.
Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO, « regrette vivement la décision des autorités turques, prise sans dialogue préalable, de modifier le statut de Sainte-Sophie.
Mme Azoulay a également fait part de sa « profonde préoccupation » à l’ambassadeur de Turquie auprès de l’UNESCO suite à cette décision « prise sans dialogue préalable », indique un communiqué de l’organisation onusienne.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé dans la journée l’ouverture de l’ex-basilique à Istanbul aux prières musulmanes, après qu’un tribunal a ouvert la voie à sa transformation en mosquée en annulant son statut actuel de musée.
Sainte-Sophie est une composante des Zones historiques d’Istanbul inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, un chef d’œuvre architectural et un « témoignage unique » de la rencontre de l’Europe et de l’Asie au cours des siècles, a déclaré la directrice générale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.
Oeuvre architecturale majeure construite au VIe siècle par les Byzantins qui y couronnaient leurs empereurs, Sainte-Sophie est un site classé au patrimoine mondial par l’Unesco, et l’une des principales attractions touristiques d’Istanbul avec quelque 3,8 millions de visiteurs en 2019.
Convertie en mosquée après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, elle a été transformée en musée en 1934 par le dirigeant de la jeune République turque, Mustafa Kemal, soucieux de « l’offrir à l’humanité ».
Cependant, son statut fait régulièrement l’objet de polémiques: depuis 2005, des associations ont à plusieurs reprises saisi en vain la justice pour réclamer un retour au statut de mosquée.
L’Unesco « appelle » les autorités turques à « ouvrir » un dialogue « sans délai », « afin d’éviter un recul sur l’universalité de ce patrimoine exceptionnel dont l’état de conservation sera examiné par le Comité du Patrimoine mondial à sa prochaine session ».
« Il est important d’éviter toute mesure de mise en oeuvre qui ne serait pas préalablement discutée avec l’Unesco et qui entraînerait des conséquences sur l’accès physique, sur la structure du bâti, sur les biens mobiliers et sur le mode de gestion du site », a de son côté souligné dans le communiqué Ernesto Ottone Ramirez, sous-directeur général de l’Unesco pour la culture. « De telles mesures pourraient en effet constituer des violations des règles issues de la Convention du Patrimoine mondial de 1972 ».