Vers une chute record de 25% du marché automobile européen en 2020
Le marché automobile européen devrait enregistrer en 2020 une chute historique de 25% en raison de la crise sanitaire, ont annoncé mardi les constructeurs, en appelant les Etats à soutenir les ventes pour limiter la casse sociale.
Les immatriculations de voitures neuves dans l’Union européenne (donc hors Royaume-Uni) devraient passer de 12,8 millions d’unités en 2019 à 9,6 millions cette année, selon l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA).
L’organisation, qui regroupe 16 constructeurs actifs en Europe, en a profité pour appeler à l’aide les gouvernements européens.
« Nous appelons au soutien politique et économique nécessaire – à la fois au niveau de l’Union européenne et des Etats membres – pour limiter les dégâts sur la production et l’emploi », a déclaré Eric-Mark Huitema, directeur général de l’ACEA, cité dans le communiqué.
La chute de 25% cette année intervient après six années consécutives de croissance, alors que le marché était proche des ses plus hauts niveaux. Si une baisse était déjà anticipée en début d’année, son ampleur a été radicalement revue à la hausse en raison de la pandémie de Covid-19 qui a paralysé le commerce et les usines automobiles au printemps.
En janvier, l’ACEA tablait seulement sur un recul de 2%.
Pour relancer les ventes, les constructeurs espèrent notamment la mise en œuvre de primes à la casse pour les anciens véhicules mis au rebut et de bonus à l’achat, dans les pays qui ne l’ont pas encore fait.
L’Allemagne, l’Espagne et la France ont déjà adopté des plans d’aide massifs, en ciblant les véhicules les moins polluants dans le cadre d’une « relance verte ». Le gouvernement allemand a par exemple doublé l’aide à l’achat de véhicules électriques, de 3.000 à 6.000 euros, tandis que les aides françaises ont été notamment élargies aux véhicules hybrides rechargeables.
Série de plans sociaux
Mais le soutien à l’automobile est controversé alors que l’image et la crédibilité du secteur souffrent toujours du scandale des moteurs diesel truqués qui avait éclaté en 2015. De nombreux pays se sont pour l’instant abstenus.
Selon une source proche des discussions à l’ACEA, l’appel lancé mardi vise en particulier l’Italie, patrie de Fiat, où les discussions sur un plan de relance traînent en longueur, ainsi que les pays d’Europe centrale, qui accueillent de nombreuses usines d’assemblage.
Quelque 13,8 millions d’Européens travaillent directement ou indirectement pour l’industrie automobile, soit 6,1% de l’emploi dans l’UE, selon l’ACEA.
Or, les plans sociaux se sont succédé ces dernières semaines.
En Allemagne, le champion du haut de gamme BMW a annoncé la suppression de 6.000 emplois cette année. La puissante industrie automobile allemande devrait voir sa production chuter à son plus bas niveau depuis 44 ans, à 3,4 millions de véhicules, ce qui pourrait entraîner la disparition de 100.000 emplois, selon l’expert allemand Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Center Automotive Research (Car).
Au Royaume-Uni, qui dépend fortement du marché européen malgré le Brexit, plus de 6.000 suppressions de postes ont déjà été annoncées depuis le début de la crise, chez Jaguar Land Rover, Aston Martin et Bentley, notamment. Les industriels britanniques craignent de perdre un emploi sur six dans le secteur, soit environ 25.000 postes.
Renault a annoncé fin mai la suppression de 15.000 emplois dans le monde, dont 4.600 en France, tandis que son partenaire Nissan doit fermer une usine employant 3.000 personnes à Barcelone (Espagne).
A fin mai, le marché automobile européen était en chute de 41,5% comparé aux cinq premiers mois de l’année dernière.
La prévision 2020 « représente le plus faible volume de ventes de voitures neuves depuis 2013, un point bas qui avait alors été atteint après six années de baisse dans le sillage de la crise financière de 2008-09 », mais en pourcentage cette chute est « la plus forte jamais connue par le secteur automobile en Europe », a souligné l’ACEA.